Menu
Libération
Analyse

«On ne recule plus», un slogan qui remonte loin

Chipé à Copé qui l’a lui-même emprunté à l’extrême droite, le nouveau mot d’ordre de Sarkozy donne le ton.

Nicolas Sarkozy au Palais des congrès de Cannes, le 2 juin. (Photo Laurent Carre pour Libération)
Publié le 22/08/2016 à 20h11

«On ne recule plus» : à peine lancée, la candidature Sarkozy semble avoir trouvé son slogan. L'expression était déjà dans la bouche du président de LR le 11 août, lors d'un entretien à Valeurs actuelles : «La République ne reculera plus sur rien», annonçait le futur candidat. Lundi matin, c'est son soutien Christian Jacob qui avait renchéri : «On a trop reculé, il faut cesser de reculer», a martelé le patron des députés LR sur Europe 1. Mais reculer face à quoi ? Aux femmes voilées dans les voyages scolaires, au burkini, aux créneaux de piscine réservés aux femmes ou encore aux «commerces communautaires» , a détaillé Jacob.

Pauvre Jean-François Copé ! Lui aussi candidat à la primaire sur une ligne identitaire, l'ex-président de l'UMP déplorait déjà que le candidat Sarkozy tienne meeting jeudi à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône), lieu habituel d'une réunion estivale des copéistes. Voilà désormais que son rival lui reprend son mot d'ordre. «On ne recule plus !» avait lancé Copé dès mars 2016, lors de l'annonce de sa propre candidature à la primaire. Désignant par là les mêmes menaces aujourd'hui brandies par les sarkozystes : «On ne recule plus, interdisons le burkini en France !» réclamait encore Copé voilà quelques jours. L'entourage de Nicolas Sarkozy n'était pas joignable, lundi soir, pour commenter la reprise de ce mot d'ordre.

Plagiat. Mais la généalogie du slogan recèle d'autres surprises. Car c'est le mouvement d'extrême droite Génération identitaire qui en revendique la paternité et l'utilisation continue depuis 2012. «Fiers de notre héritage et confiants dans notre destin, nous n'avons qu'un seul mot d'ordre : on ne recule plus !» peut-on lire dans un texte fondateur de l'organisation. Cette dernière prône la «reconquête» face au «métissage imposé» . Et inscrit son combat dans une série de chocs historiques entre Européens et Orientaux, des guerres médiques à la bataille de Lépante en passant par celle de Poitiers. Depuis 2012, le «On ne recule plus» des identitaires a orné aussi bien les affiches du mouvement que ses tracts et les accessoires en vente sur son site. Au printemps, Génération identitaire avait donc accusé Jean-François Copé de plagiat. L'entourage de ce dernier avait formellement démenti auprès du Lab d'Europe 1, revendiquant pour seule inspiration des propos tenus par le maréchal Joffre lors de la bataille de la Marne.

Aiguillons. «Il est évident qu'on influence la droite via ce slogan de reconquête, maintient toutefois Pierre Larti, porte-parole de Génération identitaire. C'était d'ailleurs déjà le cas lorsque le même Jean-François Copé avait repris la thématique du racisme antiblanc», l'un des chevaux de bataille du mouvement identitaire. Numériquement marginaux, mais experts en marketing politique, les identitaires se targuent d'être des aiguillons du Front national (dont sont membres plusieurs de ses anciens cadres), mais aussi vis-à-vis de la frange dure de LR. «On a pour ambition de déterminer les termes du débat», poursuit Pierre Larti, qui revendique pour ses camarades «des contacts personnels parmi certains jeunes de LR».Que cette filiation soit établie ou pas, les «On ne recule plus» de Copé et Sarkozy symbolisent en tout cas la place centrale de la thématique identitaire dans la campagne de la primaire de droite.