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Analyse

Propositions pour 2017 : Sarkozy candidat tourne le dos à Sarkozy 2007

Publié le 25/08/2016 à 20h11

Dans son livre-programme, Tout pour la France, paru mercredi, Nicolas Sarkozy fait, sur le plan économique et social, des propositions qui, malgré certaines ressemblances, sont pour certaines en opposition avec la politique menée lors de son quinquennat.

Durée du travail. Point phare de sa campagne de 2007, le slogan «travailler plus, pour gagner plus» s'était traduit, pour les salariés, par une défiscalisation et une exonération de cotisations sociales des heures supplémentaires, c'est-à-dire effectuées au-delà de la durée légale. Non seulement Nicolas Sarkozy n'avait pas touché aux 35 heures, mais il avait parachevé la réforme de Martine Aubry, en alignant, pour les salariés des PME, la majoration des heures sup sur celle des grandes entreprises, soit 25 % au lieu de 10 %. Pour 2017 il propose bien de défiscaliser à nouveau les heures sup, mais avec une différence de taille : cette fois, il fait sauter les 35 heures. Et même toute durée légale applicable à tous. «Chaque entreprise aura désormais le droit de déterminer librement le temps de travail de ses salariés, et donc le moment où l'on passera des heures normales aux heures supplémentaires», écrit-il dans Tout pour la France. La tentation sera alors grande, pour l'employeur, d'augmenter au maximum ce seuil de déclenchement des heures sup, afin d'en limiter - voire d'en supprimer - le paiement majoré. Qu'elles soient défiscalisées ou non n'aura alors plus grande importance.

Fiscalité. Sarkozy président n'avait pas vraiment malmené l'impôt sur le revenu, seul impôt progressif (avec l'ISF). Il avait même rehaussé la tranche marginale de 40 à 41 %, créé une contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, de 3 % entre 250 000 et 500 000 euros, et de 4 % au-dessus. Sarkozy candidat à la primaire a tourné casaque et propose d'abaisser de 10 % toutes les tranches de l'impôt sur le revenu, pour un manque à gagner pour l'Etat qui pourrait atteindre 7 à 8 milliards d'euros. Sarkozy président avait traîné comme un boulet le bouclier fiscal qui limitait à 50 % des revenus le montant total des impôts dus. Sarkozy candidat n'a plus les mêmes scrupules : cette fois-ci, c'est l'ensemble de l'ISF (et ses 5 milliards d'euros de recettes) qui passerait à la trappe.