Ainsi, la loi et le bon sens l'emportent. Ainsi, la critique des arrêtés «anti-burkini» édictés par certains maires égarés n'était pas l'indice d'un gaucho-islamisme échevelé ou d'un aveuglement coupable face aux menées salafistes. Comme nous l'avions espéré, le Conseil d'Etat, gardien du droit administratif, a désavoué des arrêtés dont nous avions souligné la faiblesse juridique et la nocivité politique. Même si certains maires anti-burkini maintiennent leurs décisions, ils seront à coup sûr désavoués par le Conseil d'Etat quand leur cas arrivera en jugement. Les polices municipales ne seront plus dans l'embarrassante obligation de faire, sur les plages, la police du maillot de bain. Cela ne change rien à l'appréciation qu'on peut porter sur certaines tenues islamiques qui sont le signe d'une interprétation archaïque de l'islam. Mais le Conseil d'Etat rappelle que les libertés publiques doivent être respectées dans une république comme la France et, implicitement, qu'il existe des moyens plus sûrs de lutter contre le danger intégriste, dont personne ne doit sous-estimer la réalité. Certains esprits faibles - ou sarkozystes - craindront qu'on ait donné une victoire aux fondamentalistes sur la base «d'arguties juridiques», selon l'expression employée par l'ancien président à propos des principes constitutionnels. Les «sages» du Palais-Royal démontrent au contraire que les musulmans, comme les autres citoyens, ont droit à la protection des lois dans un pays laïque qui laisse la religion à sa place mais ne s'avise pas de la réprimer. L'idée d'un «racisme d'Etat» avancée dans certains cercles militants quelque peu sectaires se trouve ainsi invalidée, de même que la propagande islamiste qui veut faire croire que l'islam est persécuté en France. Les instances juridiques suprêmes de la République ont su, comme souvent, garder la tête froide.
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