C’est désormais une réalité actée. La croissance de l’économie française a connu un coup d’arrêt brutal au deuxième trimestre, a confirmé vendredi l’Insee. Attendu en hausse de 0,3%, le produit intérieur brut est finallement resté à plat. De quoi doucher les espoirs de reprise qui commençaient à poindre suite aux bons résultats du premier trimestre (+0,7%) : après une courte embellie, l’investissement des entreprises, sur lequel misait le gouvernement pour redynamiser la machine économique, se replie de nouveau, affectée notamment par les mouvements sociaux contre la loi travail. L’ennui c’est que cette fois, le moteur traditionnel de la croissance en France semble à son tour grippé : en hausse de 1,2% au premier trimestre, la consommation des ménages est restée atone.
Pour le gouvernement, c'est la tuile. Lui qui avait bâti son budget sur une hypothèse de croissance de 1,5% en 2016 espérait bien faire un peu mieux, de sorte à dégager un surplus de recettes publiques suffisant pour baisser les impôts des ménages, sans compromettre les engagements pris par la France auprès de Bruxelles. A quelques mois de la présidentielle et alors que la gauche peine à défendre le bilan du quinquennat, ce cadeau-là ne serait sans doute pas de trop. Fin juin, François Hollande avait d'ailleurs fait connaître son intention : «une baisse supplémentaire d'impôt est possible, si nous disposions des marges de manœuvre. Si malgré le Brexit, la croissance était de 1,7% en 2017, ce geste fiscal qui ne pourrait être supérieur à 2 milliards d'euros, viendrait s'ajouter aux allégements accordés depuis 2014.» Avec une croissance nulle au second trimestre, cette promesse devient beaucoup plus compliquée à tenir.
Mais au vu des difficultés pour la gauche de tirer son épingle du jeu dans la campagne présidentielle désormais lancée, le Premier ministre semble décidé à gagner les bonnes grâces de l'électorat. Fin août dans un entretien à l'Express, Manuel Valls a renouvelé l'engagement du Président : «Nous allons poursuivre la baisse de l'impôt sur le revenu afin de restituer du pouvoir d'achat aux Français» pour que la gauche ne soit «pas identifiée à l'impôt». Toutefois, à l'appui de ses propos, il ne parle plus d'une condition de croissance de 1,7% en 2017 mais de seulement 1,5%, comme en 2016…
Même si Bercy se fait tirer l'oreille, une baisse d’impôt devrait donc être inscrite dans le projet de loi de finances discuté à l’automne par le Parlement. Du moins si l’hypothèse de croissance retenue pour l’année en cours (1,5%) se confirme. Pour l’Insee, qui table sur une croissance de 0,3% au troisième trimestre puis à 0,4% au quatrième, c'est jouable. Mais ça l'est moins pour la Banque de France : selon l’établissement, la croissance en 2016 pourrait n’être que de 1,4%.