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Libération
EDITORIAL

Pugilat

Publié le 28/08/2016 à 20h41

Ça tourne au western… Quelque chose comme Règlement de comptes à LR Corral ou encore le Bon, la Brute et le Truand (chacun attribuera les rôles comme il veut…). La violence des attaques de François Fillon contre Nicolas Sarkozy, en tout cas, est inédite. «Mise en examen», «rubrique mondaine», propositions «stupides et imbéciles», «usurpation» dans la conduite du gouvernement : tout y est passé, sur un ton que l'opposant de gauche le plus raide aurait hésité à employer. Ce n'est plus la compétition primaire, c'est la violence primitive. Alors qu'elle est en mesure de reprendre le pouvoir, la droite française offre le spectacle des ambitions nues et des uppercuts destructeurs. Et nous sommes au début de la campagne… En fin de parcours, ce pugilat posera crûment la question clé : l'opposition républicaine est-elle crédible ? Notre sondage Viavoice jette une nouvelle pierre dans ce jardin des sévices. Pour une majorité de Français, la droite au gouvernement ne ferait pas mieux que la gauche. Et ce, qu'il s'agisse d'économie et de social ou, plus surprenant, de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Certes, dans une France coupée en trois, chaque camp a contre lui les deux tiers de l'opinion. Mais tout de même : on entend tellement de mal de la gestion Hollande-Valls qu'on pouvait s'attendre à un meilleur accueil pour l'opposition. Ne serait-ce que par comparaison. A moins qu'il n'y ait, derrière ces jugements désabusés, quelque chose de plus profond. Par exemple que les réquisitoires contre la gauche de gouvernement, finalement, sont outranciers. Ou bien que les Français ne sont guère enchantés par la rupture nationale-libérale ou xénophobe contenue dans les programmes de la droite et de l'extrême droite. Une gauche un peu énergique, et surtout plus unie, pourrait en tirer parti…