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Emploi

Jeunes diplômés: débuts poussifs pour l'Arpe

Depuis lundi dernier, 126 000 jeunes diplômés peuvent demander l’Aide pour la recherche du premier emploi (Arpe), un dispositif qui a pour but de faciliter la transition entre la fin des études et l’insertion dans le monde professionnel.
L'Unef milite pour que l'Arpe soit ouverte à tous les jeunes diplômés. (Photo capture d'écran BFMTV.)
publié le 29 août 2016 à 12h21
(mis à jour le 30 août 2016 à 10h14)

Le dispositif fonctionne officiellement depuis le lundi 22 août. Officiellement, parce qu'en réalité il a été marqué par quelques bugs. «Le jour du lancement, le site ne donnait même pas accès à la demande en ligne le matin, explique Teddy, 20 ans et fraîchement diplômé d'un BTS Agencement de l'Environnement Architectural (AEA). L'après-midi, j'ai réessayé et de nombreux problèmes sont apparus. Il était par exemple impossible de glisser les pièces jointes requises (attestation de réussite au diplôme et relevé de notes), ou de demander de l'aide puisque la fonction du site qui permet de poser des questions ne fonctionnait plus non plus…»

Mercredi, tout est rentré dans l'ordre et l'ensemble des personnes boursières diplômées d'un CAP, d'un Bac Pro, d'un BTS ou d'un diplôme de l'enseignement supérieur ont pu constituer leur dossier, à condition toutefois d'être âgé de moins de 28 ans. «Une fois qu'on a glissé les documents, on reçoit un mail de confirmation», explique Teddy.

Entre 100 et 550 euros pendant quatre mois

Lui et les autres jeunes diplômés qui ont fait leur demande et dont on aurait aimé connaître le nombre – une donnée que le ministère de l'Enseignement supérieur n'a pas souhaité communiquer à Libération – devront maintenant patienter pendant une durée indéterminée avant de percevoir l'Arpe (ni le ministère, ni le Cnous n'ont été en mesure de nous informer de la date des prochains versements).

Une fois ce point élucidé, l'aide leur sera versée par le ministère de l'Enseignement supérieur ou par celui de l'Education nationale, en fonction du diplôme obtenu. Concrètement, l'Arpe va donc permettre aux jeunes diplômés de prolonger de quatre mois la bourse qu'ils percevaient pendant leurs études. Le montant de l'aide sera le même que celui des mensualités versées sur critères sociaux par le Crous ou l'Education nationale. L'aide oscillera donc entre 100 et 550 euros mensuels, pour un coût de 130 millions d'euros par an, selon les estimations de l'Etat, qui avait inscrit le dispositif dans le projet de loi Travail en avril dernier pour tenter de calmer la contestation des jeunes opposés au texte.

Mais encore faut-il obtenir une attestation de diplôme. Anne-Sophie, 22 ans, étudiante en Master 2 Relations internationales, explique ainsi que la dernière mensualité de sa bourse du Crous a été versée en juin. Problème, elle ne passe sa soutenance de mémoire que mi-septembre et n'aura pas son attestation de diplôme avant la fin du mois. «Je ne pourrai donc pas demander l'Arpe avant octobre, regrette-elle. Mes parents m'aident pendant ce temps-là. Mais quand je l'aurai, l'aide sera un plus parce qu'après ma soutenance, j'entame un stage non rémunéré…»

Une situation classique qui illustre la précarité dans laquelle se retrouvent souvent les jeunes lors de leur sortie du système éducatif. «L'Arpe va leur permettre de mieux faire la transition entre le monde des études et celui du travail, surtout que les moins de 25 ans n'ont pas droit au RSA», déclare satisfaite Alice Clément, chargée des affaires sociales au sein de la Fédération des association générales étudiantes (Fage). «C'était l'une des nos revendications historiques donc nous saluons sa mise en place, se félicite de son côté Lilâ Le bas, déléguée générale du syndicat étudiant Unef. L'Arpe va permettre de lutter contre la précarité des étudiants et les aider à s'insérer dans le marché du travail. Mais elle ne représente qu'une première étape, importante mais insuffisante», estime-t-elle.

Colère des non-boursiers

De nombreux jeunes diplômés s'étonnent en effet que le dispositif ne soit ouvert qu'aux seuls boursiers.

L'Unef milite ainsi pour que l'Arpe soit ouverte à tous les jeunes diplômés. La Fage, elle, prône une refonte du système d'attribution des bourses. «Concernant l'Arpe, je ne trouve pas choquant que les étudiants non-boursiers doivent bénéficier de l'aide de leurs familles, estime Alice Clément. «Par contre, il faut que les étudiants indépendants, qui ne reçoivent plus d'aide de la part de leurs parents, aient accès aux mêmes bourses que les autres, ce qui n'est pas encore le cas (*). Or cela permettrait d'aider un plus grand nombre de personnes.»

(*) citation modifiée le mardi 30 août, après demande de précision