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Libération

Sarkozy s’engage pour les moins démunis

Abattement allant jusqu’à 400 000 euros sur les droits de succession, suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune… L’ancien chef de l’Etat affiche clairement sa volonté de privilégier les plus aisés.

Strasbourg, le 26 janvier 2016. Le Président du parti Les Républicains (LR), Nicolas Sarkozy (sur la photo), lors de la signature de son livre "La France pour la vie", à la Librairie Kléber. (Photo Pascal Bastien. Divergence)
Publié le 30/08/2016 à 19h51

Nicolas Sarkozy, ex-président des riches, candidat des super-riches en 2017 ? Au regard de son programme pour la primaire de la droite, il se fait désormais, et sans aucun scrupule, le défenseur des plus aisés. Avec, comme en 2007, un vague habillage rhétorique destiné à faire passer la pilule auprès des moins chanceux.

Première proposition, qui ne fait pas dans la demi-mesure : la suppression pure et simple de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) touchant les personnes physiques au patrimoine net supérieur à 1,3 million d'euros et qui rapporte chaque année quelque 5 milliards d'euros à l'Etat. Avec comme justification la concurrence fiscale entre les Etats européens qui ferait s'exiler les grandes fortunes de l'Hexagone. «Qui profite de cet arbitrage ? Les Belges, les Britanniques, les Suisses», écrit-il dans son livre-programme Tout pour la France. «Qui en pâtit ? La France et les Français les moins fortunés (sic) qui ont plus besoin que les autres que notre pays renoue avec une croissance forte.» Autrement dit, supprimer l'impôt de solidarité sur la fortune profiterait, avant tout, aux plus pauvres…

SDF. En habile défenseur des très aisés, Sarkozy s'attaque également à l'autre mesure susceptible d'entamer les très gros patrimoines : les droits de succession. Fini les mesurettes de 2007, quand l'abattement par héritier en ligne directe passait de 50 000 à 150 000 euros (avant de redescendre à 100 000 sous Hollande). Avec Sarkozy président en 2017, chaque héritier en ligne directe pourra bénéficier de 400 000 euros de succession totalement exonérés d'impôt. Avec, là encore, des arguments propres à arracher des larmes à un SDF : «Qu'y a-t-il de plus beau que de construire pour ses enfants et ses petits enfants […] ? On ne va tout de même pas s'excuser d'avoir eu des parents et des grands-parents qui ont su, à la sueur de leur front, accumuler un patrimoine», s'indigne-t-il dans Tout pour la France. Résultat : «Dans une famille avec trois enfants et aux parents non mariés, par exemple, chaque parent, au moment de son décès, pourra transmettre, net d'impôt, 1,2 million d'euros, explique l'avocat fiscaliste Daniel Gutmann, du cabinet CMS Bureau Francis Lefebvre. Donc, concrètement, la proposition pourra conduire à exonérer la transmission d'un patrimoine s'élevant jusqu'à 2,4 millions.» La part des successions en France échappant à l'impôt passerait ainsi de près de 90% aujourd'hui à plus de 98 %… Autant dire qu'on atteindrait la crème de la crème des «sueurs de front». Dans la même veine, les transmissions d'entreprise bénéficieraient d'une exonération à hauteur de 85 %, «voire totale si l'activité est maintenue pendant cinq ans au minimum, avec le maintien de la majorité des emplois correspondants», promet l'ex-président.

Festival. Fin de l'ISF, successions ramenées à la portion congrue, transmissions d'entreprise quasi exonérées… Les très riches bénéficieront également, et comme les autres, de la baisse de 10 % de toutes les tranches de l'impôt sur le revenu avancée par le candidat. Et même plus que les autres. En effet, 70 % de ce qu'il rapporte est aujourd'hui acquitté par les 10 % de foyers fiscaux français les plus aisés. Une diminution uniforme et proportionnelle de toutes les tranches conduira donc mécaniquement à favoriser les plus hauts revenus. Un vrai festival pour Neuilly.