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Libération
EDITORIAL

Boucliers

publié le 31 août 2016 à 19h31

Les syndicats de profs seront-ils un jour contents d’un ministre ou d’une réforme ? En période de disette budgétaire, le gouvernement a créé plus de 40 000 postes dans l’Education nationale et s’approchera en fin de quinquennat des 60 000 promis. Et pourtant on chipote, on pinaille, on ergote. La ministre tente de remédier aux inégalités scolaires persistantes en avançant d’un an l’enseignement d’une seconde langue vivante ou en favorisant les exercices transversaux. On clame que ce n’est pas le bon moment, la bonne méthode, la bonne annonce, etc. Tous les spécialistes du temps scolaire ou presque préconisent le retour à la semaine de cinq jours, dont la suppression avait trop allongé les journées des enfants. Nouvelle levée de boucliers... Pourtant, en matière scolaire, l’équipe Hollande a mis en œuvre ce qu’elle a promis, pour l’essentiel. On peut faire mieux, ajuster, écouter les critiques, affiner les réformes. Mais enfin, on a avancé, en tout cas du point de vue progressiste dont se réclament par ailleurs la majorité des enseignants. Fort heureusement, cette propension à la colère aura tout motif de s’exprimer si la droite l’emporte en 2017, comme le prédisent tant de sondages. Tous les candidats de l’opposition promettent une baisse draconienne du nombre de fonctionnaires et on ne voit pas comment l’Education nationale, principal employeur public, pourrait échapper à cette cure d’austérité. Quant aux réformes, Juppé excepté, la droite annonce qu’elle rompra avec le «pédagogisme» pour un retour radical aux bonnes vieilles méthodes et à la mythologie nationaliste, tout en décrétant l’autonomie des établissements et le libre choix des parents, ce qui mettra fin au souci de mixité sociale qui anime Najat Vallaud-Belkacem. Une bonne droite succédera à une gauche imparfaite. Le veut-on vraiment ?