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Libération
Violences

Dix-neuf règlements de compte à Marseille depuis début 2016

Alors que l'insécurité a tendance à globalement reculer dans la ville, le nombre d'assassinats commis entre malfaiteurs est en hausse.

Après un homicide, le 31 août à Marseille. (Photo Bertrand Langlois. AFP)
ParStéphanie Harounyan
correspondante à Marseille
Publié le 01/09/2016 à 20h05

C'est le genre de série noire qui a de quoi désespérer la police marseillaise. Dans la nuit de mercredi à jeudi, un homme de 35 ans a été abattu dans le jardin de ses parents à Marignane, une commune située à une vingtaine de kilomètres de Marseille. C'est la cinquième personne tuée par balles pour le seul mois d'août dans la région de Marseille. Le précédent meurtre remonte seulement à la veille : un homme d'une quarantaine d'années avait été pris pour cible alors qu'il garait sa moto, dans le XIIIe arrondissement. Ce dernier serait «inconnu des services de police et de justice», a affirmé le tout nouveau procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, écartant pour l'heure la piste du règlement de compte. Pour le cas de Marignane, la police reste prudente, indiquant qu'«aucune piste n'est privilégiée pour l'instant». Même si le scénario du crime, mené à la kalachnikov, ferait plutôt pencher pour une affaire de banditisme.

Les liens avec le milieu semblent plus établis pour les trois autres homicides par balles recensés en août. Le 7, deux hommes d’une vingtaine d’années abattus à la kalachnikov dans le quartier des Chartreux à Marseille seraient, eux, connus des services de police pour des faits liés au trafic de drogue. Le 16, c’est un plus gros poisson, fiché au grand banditisme, qui est criblé de balles alors qu’il se trouvait à La Cayolle, une cité des quartiers sud de la ville. Alain Armato, 56 ans, s’était notamment illustré en organisant, en 2007, l’évasion par hélicoptère de son ami Pascal Payet, connu pour de multiples braquages.

CV chargé également pour l’homme de 40 ans abattu le 26 août alors qu’il circulait sur son deux-roues, dans le quartier de Saint-Julien, toujours à Marseille. Le même jour, à cette longue liste macabre s’ajoute la découverte d’un corps présentant six impacts de balles dans le coffre d’une voiture carbonisée puis abandonnée dans la nature aux Pennes-Mirabeau, à quelques kilomètres du Vieux-Port. Après identification, la victime serait un homme de 25 ans, lui aussi connu des services de police mais pour des affaires sans lien avec le trafic de drogue. Le parquet aurait d’ailleurs décidé de déclasser l’affaire, privilégiant la piste d’un contentieux privée.

«Baisse de 64% des faits d’homicides sur le département»

Pour autant, quatre des six meurtres commis en août semblent bien relever de la catégorie «règlements de compte», à savoir des assassinats commis entre malfaiteurs issus des réseaux de trafic de drogue ou du banditisme. Cela porte à 19 leur nombre depuis le début de l'année, soit quatre de plus qu'en 2015 sur la même période. «Oui, il y a une hausse, mais cela ne veut pas dire pour autant que Marseille est à feu et à sang, tempère Laurent Nunez, le préfet de police des Bouches-du-Rhône. Certes, on a une augmentation dans cette catégorie précise, mais à l'inverse, on note une baisse de 64% des faits d'homicides sur le département par rapport à l'an dernier, règlements de compte exclus. Il ne faut pas que cette situation vienne occulter les bons chiffres de la délinquance.»

Et le préfet de rappeler les succès obtenus sur le terrain par les forces de police, notamment via la méthode proactive, visant à anticiper les règlements de compte pour éviter les tueries. «Depuis le début de l'année, nous avons pu ainsi en éviter huit, relève-t-il. Alors les chiffres ne sont pas bons, mais pas de quoi remettre en cause notre politique en la matière.» Les quatre meurtres d'août qui, à ce stade de l'enquête, semblent n'avoir aucun lien entre eux, ne seraient donc qu'un mauvais concours de circonstance. «Ça arrive parfois, note le préfet. Parfois, il peut se passer cinq ou six mois sans rien, et d'un coup…»