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Libération
EDITORIAL

Dérives

Publié le 02/09/2016 à 19h51

Fermer les yeux sur la provenance, l'origine, voire l'authenticité de certaines œuvres et antiquités pour avoir le plaisir de les acheter, de les revendre, de les posséder, de les exposer, ne serait-ce qu'à son propre regard, a longtemps été considéré comme un hobby chic et non comme un crime. Il faut pourtant savoir que le commerce illicite d'antiquités pèse aujourd'hui plusieurs milliards d'euros et représente la troisième source de trafic, juste derrière la drogue et les armes, alimentant donc toutes les convoitises, y compris celles d'organisations terroristes. Or l'apathie et l'absence de détermination des organisations internationales et des Parlements nationaux à mieux réguler ce marché montre que l'on est loin d'avoir pris la mesure de l'enjeu. Quand il ne s'agit pas d'escroqueries pures et simples qui se chiffrent en millions d'euros et qui viennent ternir la réputation d'un marché dont c'est pourtant le principal actif. A quelques jours de la Biennale des antiquaires, c'est le moment de lever un voile sur ce marché beaucoup trop pudique sur ses pratiques, ses dérives et les dangers qui le guettent. Notre journaliste Emmanuel Fansten a passé des mois à travailler sur ce sujet, qui donnera lieu à un documentaire exhaustif sur le trafic d'art à l'échelle mondiale, diffusé mardi sur Arte en prime-time et dont nous mettons en ligne de larges extraits sur Libération.fr. Par ailleurs, il s'est intéressé à deux obscures affaires qui agitent beaucoup le milieu de l'art, deux histoires qui ternissent l'image de figures tutélaires et incontournables de la place de Paris. Des aspects différents d'un même problème qui permettent de comprendre les périls intérieurs et extérieurs qui continuent de gangrener tous les rouages du marché de l'art aujourd'hui.