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Libération
Edito

Bygmalion : Copé libre de charger Sarkozy

Jean-François Copé au Conseil national des Républicains, le 13 février. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 6 septembre 2016 à 20h01

Bygmalion ? «No comment», protestaient mardi ses principaux concurrents, au lendemain de la demande de renvoi de Nicolas Sarkozy devant le tribunal correctionnel pour financement illégal de la campagne présidentielle de 2012. Alors que s'ouvre la campagne de la primaire de la droite, Alain Juppé et Bruno Le Maire assurent qu'ils s'abstiendront de tout commentaire sur les ennuis judiciaires de l'ancien chef de l'Etat. Officiellement, François Fillon est sur la même ligne. Il a dit ce qu'il avait à dire le 28 août, à Sablé-sur-Sarthe. A savoir que tout candidat à la fonction présidentielle devrait d'être «irréprochable», car on voit mal «le général de Gaulle mis en examen». Il n'en dira pas plus, car beaucoup de ses amis, à commencer par le président du Sénat, Gérard Larcher, l'ont rappelé au respect de «la présomption d'innocence».

Bygmalion devrait donc rester le grand tabou de la primaire. Et tant pis si l’on ne peut exclure, quand viendra le temps du procès, fin 2017, que la justice établisse la culpabilité de Sarkozy. A cette date, ce dernier sera peut-être passé du statut de présumé innocent à celui de président immunisé.

Parmi les candidats à la primaire, il en est pourtant un, Jean-François Copé, qui ne semble pas disposé à se taire. Comment le pourrait-il, dès lors que la fragile défense des sarkozystes consiste, pour l'essentiel, à lui faire porter le chapeau ? Mardi, sur France Inter, le directeur général de LR, Frédéric Péchenard, bras droit de Sarkozy, assurait que l'affaire Bygmalion n'était rien d'autre que l'histoire d'une «escroquerie» dont aurait été victime l'UMP. Selon lui, il n'y aurait «pas eu d'enquête» sur la destination des 18 millions détournés par Bygmalion, la société des amis de Copé. «Nous souhaitons que l'on retrouve cet argent», a-t-il ingénument ajouté. Péchenard sait pourtant bien que les magistrats instructeurs ont enquêté près de deux ans sur l'utilisation du magot. Ils ont conclu qu'il avait bel et bien servi à financer la folle campagne de 2012 avec ses 44 meetings, qui se sont succédé dans une ruineuse improvisation. Pour le parquet de Paris, il est «démontré» que Sarkozy a donné, «en connaissance de cause», malgré les mises en garde des experts comptables, «des instructions en faveur d'une augmentation des dépenses».

Débarqué manu militari de la présidence de l'UMP après l'explosion du scandale Bygmalion, Copé proclame que l'on est passé de «l'affaire Copé à l'affaire Sarkozy». Il ne devrait pas s'interdire de le répéter, tout au long de cette campagne.