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Libération
Analyse

A droite comme à gauche, les non-dits des baisses fiscales

Quel que soit leur bord politique, tous dénoncent le «ras-le-bol fiscal», tous pensent à réduire les impôts, mais pas grand-monde ne sait comment financer ces réductions.

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Publié le 07/09/2016 à 21h11

Condamner les hausses d’impôts du quinquennat de Hollande est le refrain le plus populaire de ce début de campagne présidentielle. A droite bien sûr, mais aussi à gauche. Et comme François Hollande a lui même légitimé, le «ras-le-bol fiscal», l’expression que Pierre Moscovici, son ministre de l’Economie de l’époque, avait inventée dès 2013, aucun politique n’a envie de se priver de cette arme électorale plutôt efficace. D’autant qu’en matière fiscale, les non-dits sont légion. Et souvent énormes.

Si tous les candidats à la primaire de la droite adorent dénoncer, à grands cris, les 35 milliards d’euros de hausse d’impôts sur les ménages intervenus pendant le quinquennat Hollande, tous ne promettent pas de les abaisser. En tout cas, certainement pas tout de suite. Et pour cause, annoncer une baisse de la troisième source de rentrée fiscale (après la CSG et la TVA) obligerait à préciser comment la compenser. C’est toute la difficulté. D’où la très grande prudence d’un Alain Juppé ou d’un François Fillon. Si tous deux souhaitent la suppression de l’ISF, aucun ne promet une forte baisse de l’impôt sur le revenu. Dans son programme, Fillon évoque un «objectif», et Juppé ne parle, lui, que de 2 milliards d’euros de ristourne, exclusivement pour les familles. Pourquoi une telle modération ? Tout simplement parce que tous les deux ont choisi de faire du rétablissement des comptes publics et de la baisse massive des charges pour les entreprises, leurs objectifs prioritaires. Dans la lignée de François Hollande.

A droite, Nicolas Sarkozy a, lui, choisi un autre camp : celui de son électorat, exaspéré par tout ce qui ressemble à l’impôt. En promettant de baisser de 10 % l’impôt sur le revenu de tous les contribuables, Sarkozy affirme vouloir signer un chèque de 7 milliards d’euros dès juillet 2007, qui viendra s’ajouter, notamment, à la suppression de l’ISF (5 milliards). Et non content de faire ce cadeau de bienvenue, il promet aussi 35 milliards aux entreprises. Comment ? En dépit de vagues promesses de baisses des dépenses publiques, Sarkozy entretient pour l’instant le plus grand flou sur la cohérence de son programme. Sans le reconnaître explicitement, il semble vouloir remettre à plus tard le rétablissement des comptes publics. Et donc nos engagements européens.

A gauche, Arnaud Montebourg a au moins l'honnêteté de mettre les pieds dans le plat. Dans une interview aux Echos, l'ex-ministre de l'Economie de Hollande annonce, en plus d'un plan de relance de 20 milliards d'euros, vouloir une baisse d'impôts de 10 milliards d'euros pour les «classes moyennes et populaires victimes de l'austérité fiscale» du quinquennat de Hollande. Pour boucler le financement de sa politique économique, Montebourg ne tourne pas autour du pot : «Il faut mettre fin à l'obsession de l'austérité et du dogme sur les déficits» de l'Union européenne. Mais là encore, il ne dit pas comment. Et pour cause : le prochain président de la République sait qu'il n'en aura pas le pouvoir, sauf à sortir de l'Union.