Menu
Libération
Interview

Dominique Lefebvre «Une politique ciblée et redistributive»

Pour le député socialiste, les mesures fiscales prises par le gouvernement Hollande depuis 2012 sont «pertinentes».

Publié le 07/09/2016 à 21h11

Dominique Lefebvre est vice-président PS de la commission des finances de l’Assemblée nationale.

L’exécutif s’apprête à annoncer une baisse ciblée de l’impôt sur le revenu de l’ordre de 1 milliard d’euros. Alors que le taux de prélèvements obligatoires pesant sur les ménages est historiquement élevé, n’est-ce pas un peu démagogique ?

Je la qualifierais plutôt de pédagogique. Il est pertinent de poursuivre la baisse des impôts sur les ménages engagée en 2014. On leur a demandé beaucoup d’efforts et, la situation économique s’améliorant, il est légitime de leur redistribuer les marges dégagées. Si nous avions pu, nous aurions été plus loin. Mais sauf à trahir les engagements pris par la France auprès de ses partenaires européens, on ne peut dépenser l’argent que l’on n’a pas.

Approuvez-vous l’option de Matignon de baisser l’impôt sur le revenu plutôt que la CSG sur les retraités ? Bercy suggérait d’augmenter la prime d’activité…

L’impôt sur le revenu est celui qui a le plus augmenté depuis 2012, et même 2010, entre le gel du barème décidé sous Fillon mais que nous n’avons pas immédiatement remis en cause, la baisse du quotient familial, la barémisation des revenus du capital et les suppressions de niches. Depuis 2014, nous œuvrons à faire sortir de cet impôt les ménages populaires qui y étaient rentrés. Au final, l’augmentation de l’impôt sur le revenu a surtout touché les 12 millions de foyers fiscaux les plus riches. Nous avons mené une politique ciblée et redistributive. Conformément à l’engagement de François Hollande, nous avons redressé les comptes de la France dans la justice.

Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques, les entreprises n’ont, elles, finalement pas ou peu contribué à l’effort de redressement budgétaire…

Souvenons-nous du contexte de début de quinquennat. La France était sous pression des marchés financiers et, au-delà même des engagements européens pris, la résorption des déficits publics alors abyssaux était un impératif. D’autre part, les entreprises étaient à la peine après quinze ans de baisse de leurs marges. Dans un contexte international déprimé, il était urgent de leur redonner de l’oxygène. C’est ce que nous avons fait avec le CICE puis le pacte de responsabilité, qui a permis d’effacer la totalité des hausses de prélèvements décidés les années précédentes. En 2012, nous avons sans doute sous-estimé l’impact fiscal sur les ménages des mesures adoptées par la droite. Cette erreur, nous l’avons corrigée par la suite pour les plus modestes. Au regard des circonstances, la politique que nous avons menée me paraît donc pertinente. Elle permet une reprise de l’investissement, une amélioration de la compétitivité et donc des créations d’emplois.