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Migrants : «Ce qui s'est passé à Forges-les-Bains est une honte pour nous tous»

Le préfet de la région Ile-de-France Jean-François Carenco a dénoncé vigoureusement l'incendie vraisemblablement volontaire d'un futur centre d'accueil de migrants à Forges-les-Bains (Essonne). Un crime intervenu après une manifestation hostile des habitants.
Jean-François Carenco en mars 2015. (Photo Jean-Philippe Ksiazek. AFP)
publié le 7 septembre 2016 à 15h15

C'était un point sur le traitement des migrants à Paris et c'est devenu un emportement. Mercredi, à une presse qui, à vrai dire, ne lui avait posé aucune question sur le sujet, le préfet de la région Ile-de-France, Jean-François Carenco, a voulu expliquer la portée de l'incendie volontaire qui, dans la nuit de lundi à mardi, a ravagé un futur centre d'accueil de migrants à Forges-les-Bains, dans l'Essonne. «Ce qui s'est passé est une honte pour nous tous. Je souhaite que toute la presse condamne unanimement ces choses-là. On sait où ça commence mais on ne sait pas où ça s'arrête...».

Dans ce village de l’Essonne, la décision de l’Etat d’ouvrir mi-octobre un centre d’accueil pour 91 migrants n’est pas du tout passée. Le jour précédent l’incendie, une manifestation avait eu lieu et la mairie avait accusé l’Etat de ne pas l’avoir consultée avant de prendre sa décision. L’endroit doit accueillir les migrants pendant quatre à cinq jours avant leur réorientation vers d’autres structures d’accueil.

A quelques jours de l'ouverture à Paris du centre initié par la maire Anne Hidalgo, le préfet a évoqué tout le circuit que l'Etat devait désormais mettre en place pour assurer que le lieu ne s'engorge rapidement. «Il y a à peu près 80 arrivées de migrants par jour à Paris. Il faudra qu'il en sorte autant du centre», a dit le préfet. Ajoutant: «Nous sommes au début d'un long voyage...» Car si la ville a créé une structure d'urgence, c'est bien l'Etat qui doit assurer la suite pour chaque migrant, en termes de démarches administratives, d'hébergement et de travail. «La décision du ministre de l'Intérieur sur Calais est un défi pour Paris», a reconnu le représentant de l'Etat. L'évacuation de la jungle va en effet entraîner des arrivées sur la capitale.

«Nous continuerons à essayer d'héberger les migrants qui campent dans la rue», a-t-il assuréToutefois, avec des règles.  «Ça ne peut pas être la pagaille absolue. Il est est vrai que parmi les migrants, ceux qui se comportent mal sont exclus du dispositif.» Des mauvais comportements? «Prendre en otage des travailleurs sociaux parce que l'on n'a le wifi que dans le hall et pas dans les chambres, avoir obtenu une place à Marseille et être de retour à Paris dans les trois jours, ne pas avoir fait une démarche administrative en deux mois...»

En juin, juillet et août, 6 660 personnes ont été prises en charge, «mises à l'abri, avec un accès au soin et une mise en route de leurs démarches administratives». Le préfet veut atteindre 7 500 personnes en Ile-de-France et compte sur «un mouvement en province» pour assurer la fluidité des parcours. L'épisode de Forges-les-Bains montre que les bonnes volontés ne sont pas toujours au rendez-vous.