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Libération
Editorial

Refonte

Publié le 07/09/2016 à 20h31

Faire payer les riches : l’idée est excellente. Mais comme ils ne sont pas assez nombreux pour combler à eux seuls le déficit des budgets publics, il faut aller au-delà. Vers les revenus moyens, ou même, quand il s’agit de fiscalité indirecte (TVA par exemple), prendre dans la poche de tout le monde. Telle est l’infortune politique éprouvée en 2013 et 2014 par le gouvernement Ayrault : multiplier les annonces de nouveaux impôts, ce qui n’a jamais fait monter une cote de popularité. Et comme les impôts sont récurrents, la disgrâce s’est poursuivie, même si la deuxième partie du quinquennat a été émaillée de remises diverses et variées. Le chômage poursuivant son ascension, on a aussi choisi d’aider les entreprises dans l’espoir qu’elles embauchent : le décor était planté pour un procès en trahison que la gauche de la gauche s’est évertuée à amplifier. Aujourd’hui, les uns proposent d’abandonner la contrainte de l’équilibre budgétaire (ou plutôt l’objectif des 3 % du PIB de déficit). Est-ce possible quand on supporte déjà une dette égale à 100 % du même PIB ? Ce sera l’un des débats cruciaux à gauche. La droite, elle, a trouvé la solution : réduire les impôts sur la base d’une philosophie rigoureusement inverse de celle de François Hollande, c’est-à-dire alléger de manière radicale l’addition acquittée par les classes favorisées. Sans trop préciser comment ce manque à gagner pour l’Etat sera compensé… Planche à billets d’un côté, injustice fiscale manifeste de l’autre. Charybde et Scylla ? Pas tout à fait. La première solution est moins dure aux défavorisés, la seconde aux nantis. Mais il y a aussi une troisième voie : s’accorder enfin sur une véritable refonte du système fiscal français. Les projets existent, les plans sont dans les tiroirs. Encore faut-il pour cela que la gauche - une gauche - gagne les élections. Pour une fois, il est nécessaire d’espérer pour entreprendre.