Huit mois de prison ferme pour «apologie du terrorisme». C'est la décision rendue mercredi par le tribunal correctionnel de Paris à l'encontre de Jean-Marc Rouillan, 64 ans. Le 23 février, sur Radio Grenouille à Marseille, il avait qualifié de «courageux» les auteurs des attentats parisiens qui ont tué 130 personnes. L'ancien membre d'Action directe a aussi été condamné à verser un euro de dommages et intérêts à l'Association française des victimes du terrorisme et 300 euros à chacune des 30 victimes des attentats du 13 Novembre s'étant constituées parties civiles. Pour mémoire, Jean Marc Rouillan est le dernier membre du groupe armé d'extrême gauche à avoir recouvré la liberté en mai 2012, après vingt-cinq ans de prison dont sept à l'isolement (lire Libération du 7 février).
Le 24 juin dernier, lors de l'audience devant le tribunal, Jean-Marc Rouillan avait réécouté la totalité des propos qui lui ont valu sa comparution. Il déclarait notamment au sujet des terroristes : «Ils se battent dans les rues de Paris, ils savent qu'il y a 2 000 ou 3 000 flics derrière eux, souvent ils ne préparent même pas leur sortie, parce qu'ils pensent qu'ils vont être tués avant même l'opération.» Jean-Marc Rouillan ajoutait : «On peut dire qu'on est absolument contre leurs idées réactionnaires, […] mais pas dire que ce sont des gamins qui sont lâches.» Reconnaissant avoir «été très maladroit», Jean-Marc Rouillan avait répété à l'audience ce qu'il avait déclaré à Libération quelques jours avant son procès : «J'aurai dû dire "déterminés"», précisant n'avoir aucune connivence avec les jihadistes. «Ce sont des ennemis.» Le tribunal a estimé que Rouillan, ancien membre d'un «mouvement terroriste» avait «fait preuve d'empathie» à l'égard des auteurs des attentats parisiens.
«Nous ferons appel», a indiqué à Libération Christian Etelin, l'avocat toulousain de Jean-Marc Rouillan : «La maladresse de ses propos ne constituent pas une apologie du terrorisme. A aucun moment il n'a fait l'éloge de l'idéologie jihadiste. Au contraire, il a toujours dit qu'il la combattait, y compris dans cette malheureuse interview.» S'il était confirmé, le jugement rendu ce mercredi pourrait entraîner la révocation de sa conditionnelle et le retour éventuel de Jean-Marc Rouillan en détention.