Ce fut la seule proposition de François Hollande, jeudi, dans un discours dont ce n'était pas l'objet. Se projetant un instant au-delà de 2017, il a lancé: «Je veux qu'on limite le cumul des mandats dans le temps. C'est l'image même de la politique qui est en jeu» et donc «celle de la démocratie». Il a, au passage, revendiqué le vote durant son quinquennat de l'encadrement, en 2017, du cumul des mandats pour les parlementaires. Mais aussi la création, après l'affaire Cahuzac, de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) dont il fait le symbole de sa «République exemplaire» : non pas un monde où les élus ne fautent plus, mais une France où la justice peut passer sereinement.
Le chantier institutionnel reste toutefois immense, tant le fossé est grand entre les citoyens et ceux qui sont élus pour les représenter. François Hollande aura l'occasion d'en dire plus sur le sujet lors d'un colloque auquel Libération s'est associé, début octobre à l'Assemblée. En mettant sur la table une limitation du nombre de mandats dans le temps, le (presque) candidat reprend une vieille demande, très populaire et surtout à gauche, en soulignant que «notre démocratie, si elle veut être puissante, forte, doit elle-même être profondément renouvelée». Il s'est toutefois gardé d'évoquer comme il l'avait fait en 2012, l'introduction d'une «dose» de proportionnelle aux législatives pour une meilleure représentatitivité de l'Assemblée. «Les citoyens doivent être mieux associés aux décisions qui les concernent, je pense aux consultations locales, aux grands débats publics», a-t-il aussi noté, se montrant dans le même temps très sévère avec la «tentation plébiscitaire» de ceux qui prônent le recours permanent au référendum (Sarkozy, Le Pen).
Se posant en défenseur de la fonction présidentielle et des prérogatives, sans équivalent en Europe, que lui accorde la Ve République, il a répondu, au nom de la lutte contre le terrorisme, à ceux dans son camp qui préconisent une VIe République plus parlementaire : «La Ve République, face aux dangers extérieurs comme à la menace intérieure, donne [au Président] les moyens d'agir. [...] L a démocratie n'a rien à craindre dès lors que le Parlement en assure le contrôle dans un délai prévu par la Constitution». Et si «des réformes institutionnelles doivent néanmoins être accomplies, elles portent davantage sur l'élaboration et le vote de la loi».