Toute ressemblance avec un personnage réel est-elle fortuite ? «Quand on est un chef, on doit bien sûr être sur la passerelle mais il est indispensable de connaître et de s'intéresser à ce qui se passe en salle des machines.» Revenant sur sa condamnation, en 2004, dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris, Alain Juppé fait dans De vous à moi, son quatrième livre programmatique un (petit) mea culpa, estimant qu'il aurait dû regarder de plus près ce qui se pratiquait dans son parti. Alors que le parquet a demandé, lundi, le renvoi devant le tribunal correctionnel de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bygmalion, sa formule ne manquera pas d'être décortiquée. Dans cet opus accessible gratuitement sur Internet ce vendredi et dont le Figaro Magazine a publié jeudi les bonnes feuilles, Juppé livre un récit plus introspectif sur son parcours, sa personnalité et les raisons de sa candidature. Il y raconte son enfance à Mont-de-Marsan (Landes), auprès d'«une mère omniprésente et exigeante» et de son père, cheminot et gaulliste, son engagement en politique auprès de Chirac, «un personnage d'exception», ses deux ans à Matignon entamés dans les pires conditions, sur les ruines de la guerre Balladur-Chirac, et sa «traversée du désert» en 2004. Mais c'est cette image de «tronche» raide et coincée que Juppé s'évertue, via une série d'anecdotes, à déconstruire. Un profil qu'il tourne en dérision, comme dans cette scène de sa campagne législative dans les Landes en 1978 : «Chirac accoudé au zinc, parlant fort et riant, buvant une Suze avec des gaillards au béret vissé sur la tête pendant qu'exilé au bout du comptoir, maigre et sérieux, je trempe mes lèvres dans un Perrier-rondelle.» Il prévient pour autant qu'il ne va pas «forcer sa nature» : «Les Français ne veulent ni d'un copain, ni d'un chef de bande, ni d'un président "normal". Ils exigent un chef d'Etat», croit-il savoir.
Le candidat Juppé se livre à un demi-exercice d’introspection
ParLaure Equy
Publié le 08/09/2016 à 21h51
Dans la même rubrique
Les plus lus