Le dernier membre du commando jihadiste du 13 Novembre est à nouveau resté muet devant le juge. Salah Abdeslam, convoqué jeudi matin au palais de justice de Paris, «a exercé son droit au silence», selon son avocat français, Frank Berton. Les juges n'avaient pas plus entendu de réponses à leurs questions lors des précédentes auditions. Lors de la première sur le fond du dossier, le 20 mai, les magistrats lui avaient lu le nom des 130 victimes des attentats pour tenter de briser le silence. En vain. Le suspect n'avait pas eu la moindre réaction. Début juillet, Abdeslam avait même refusé l'extraction de sa cellule de Fleury-Mérogis, pour protester, selon son avocat, contre le régime de détention unique auquel il est soumis : des caméras de vidéosurveillance le filment en permanence pour éviter toute tentative d'évasion ou de suicide.
[ A lire aussi : Régime spécial pour Salah Abdeslam ]
Les parties civiles attendent les éléments qu'il pourrait livrer sur son rôle de logisticien dans le commando et celui de ses complices. Avant l'audition de jeudi, Me Olivier Morice, qui représente une trentaine d'entre elles, disait espérer qu'«il s'exprime et tienne enfin les promesses auxquelles il s'était engagé». Après son arrestation en Belgique et son transfert en France, Abdeslam avait assuré au juge antiterroriste français vouloir «s'expliquer ultérieurement». Un engagement resté lettre morte à ce jour. Malgré le nouvel épisode silencieux de jeudi, Me Berton dit garder «bon espoir qu'il s'exprime devant les juges», tout en liant de nouveau son comportement aux conditions de détention. «C'est surprenant de continuer à dire qu'il va parler. Ce n'est pas un problème d'un point de vue juridique, le droit au silence est son droit le plus strict, réagit Emmanuel Domenach, vice-président de l'association 13 novembre : Fraternité et vérité. Mais qu'on arrête de jouer avec les attentes des victimes si c'est sa stratégie de défense.»