Pour une grande partie des musulmans, le pèlerinage à La Mecque est la consécration ultime. Ils en retirent les titres honorifiques de «hadja» pour les femmes et de «hadj» pour les hommes. L'an dernier, plus de 5 millions de touristes religieux se sont rendus en Arabie Saoudite, ce qui inclut le Hadj (pèlerinage rituel entre le 9 et le 14 septembre) mais aussi, la Omra, qui, elle, peut être accomplie tout le reste de l'année. Rejoindre la terre sainte représente pour certains une vie d'économies, quand d'autres rendent l'âme sans parvenir à faire le voyage. Selon une étude de la chambre de commerce et d'industrie de La Mecque publiée en août 2015, un pèlerin étranger a besoin d'un budget moyen de 4100 euros pour accomplir le «Hadj».
«Un haut-lieu du consumérisme»
Pour certaines personnes de confession musulmane, le rêve a pris du plomb dans l'aile. «Idéalement j'aimerais aller à La Mecque, mais c'est devenu un haut lieu du consumérisme. C'est juste un business», déplore Ahmed, 40 ans. Le tourisme religieux génère des ressources qui constituent, après les hydrocarbures, la deuxième fortune du royaume saoudien. Selon Abdallah Al-Marzouq, professeur en économie du Hadj à l'université mecquoise Um Al-Qurah, le tourisme religieux aurait généré 16,4 milliards d'euros l'an dernier. Ahmed déplore que cette manne financière ne soit pas mieux utilisée. « Je me sens piégé entre ma foi, les bienfaits spirituels que je pourrais retirer d'un pèlerinage et le fait de donner mon argent à un État qui au lieu de le redistribuer aux pauvres, préfère bombarder le Yémen». Virginie, Française d'origine iranienne, déplore le fait que les hôtels les plus chers soient à proximité de la Kaaba, la grande construction en forme de cube au sein de la «Mosquée sacrée» (masjid al-Haram en arabe). «Cet esprit mercantile est contraire aux principes de l'islam. Le hadj est censé faire disparaître les différences sociales, pas les mettre en compétition».