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Polémique

Valls: «Nicolas Sarkozy s'est trompé en 2012 sur la lecture de la menace terroriste»

Alors que la menace d'attentat est «maximale», droite et gauche s'écharpent à coups de petites phrases. Résumé des trois derniers épisodes.
Nicolas Sarkozy à Vendôme le 8 septembre. (Photo AFP)
publié le 11 septembre 2016 à 13h12

La menace d'attentats jihadistes visant la France est «maximale» a de nouveau averti le Premier ministre ce dimanche, indiquant que des attentats étaient déjoués «tous les jours». Dont «au moins deux» cette semaine. Au micro d'Europe 1, Manuel Valls en a profité pour tacler Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de droite, qui juge que «François Hollande ne met pas tout en œuvre pour lutter contre le terrorisme»… Les questions sécuritaires n'échappent pas aux bisbilles politiques, évidemment. Démonstration avec les trois derniers épisodes, en quelques jours.

Episode 1. Dans son discours de jeudi, Hollande critique ses rivaux

Jeudi, le chef de l'Etat a livré un discours offensif depuis la salle Wagram, intitulé «La démocratie face au terrorisme». Sans citer nommément ses adversaires politiques, il a truffé son discours de piques, et notamment à l'encontre de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, aujourd'hui candidat à la primaire à droite. «Non, les principes constitutionnels ne sont pas des "arguties juridiques" !», a lancé François Hollande, visant là Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait en effet estimé après les attentats de juillet, que des «arguties juridiques» - à savoir la Constitution- ne devaient pas empêcher de combattre le terrorisme.

«Une argutie juridique, le droit d'aller et venir ? Une argutie juridique, la liberté d'expression ? Une argutie juridique, la liberté de culte ? Une argutie juridique, la présomption d'innocence, bien commode à brandir quand il s'agit de plaider pour son propre compte», a poursuivi jeudi François Hollande, taclant là encore Nicolas Sarkozy, dont le parquet a requis le renvoi en correctionnelle dans l'affaire Bygmalion.

Episode 2. Sarkozy riposte en deux temps

Jeudi soir d'abord, Nicolas Sarkozy a répondu lors d'une réunion publique rassemblant 2000 personnes à Vendôme. «C'est le droit qui doit s'adapter à la réalité de la menace, ce n'est pas le contraire, parce qu'accepter le contraire, c'est accepter l'impuissance. Je ne serai jamais le président de l'impuissance, voilà ma réponse à François Hollande.» Il dit encore : «François Hollande affirme désormais que sa priorité, c'est l'Etat de droit, scandant son slogan pour manifester son impuissance; moi, ma priorité, c'est la sécurité des Français. Je veux être le président de la République qui protégera les Français et qui défendra la France.»

Puis, nouvelle riposte dans une interview fleuve parue dans le Journal du dimanche daté de ce 11 septembre. Nicolas Sarkozy affirme que François Hollande «ne met pas tout en œuvre pour lutter contre le terrorisme». Interrogé sur l'attentat déjoué aux bonbonnes de gaz, que s'apprêtait à commettre un commando de femmes «téléguidées» par le groupe Etat islamique, il s'insurge : «Que se serait-il passé sans la vigilance du patron de café qui a alerté la police ? Et encore une fois, on parle d'individus fichés S et connus des services !» «Le président de la République (François Hollande) nous dit qu'on est en état de guerre. Quelles conséquences en tire-t-il ?» poursuit-il. «Tout étranger suspecté d'être en lien avec une activité terroriste devrait être expulsé sans délai. Tout Français suspecté d'être lié au terrorisme, parce qu'il consulte régulièrement un site djihadiste, que son comportement témoigne d'une radicalisation ou parce qu'il est en contact étroit avec des personnes radicalisées, doit faire l'objet d'un placement préventif dans un centre de rétention fermé. Et qu'on ne me dise pas que ce serait Guantanamo ! En France, tout enfermement administratif est soumis au contrôle a posteriori d'un juge, et je ne propose pas autre chose», affirme encore Sarkozy.

Episode 3. Valls réplique à Sarkozy

Au tour de Manuel Valls, le Premier ministre, au micro d'Europe 1, ce dimanche matin. «Il se trompe Nicolas Sarkozy. Il s'est trompé en 2012 sur la lecture de la menace terroriste, quand il avait évoqué les crimes de Merah comme ceux d'un loup solitaire. Il s'est trompé, comme président de la République, sur l'étendue de la menace puisqu'il a affaibli notre sécurité et notre défense en faisant baisser les investissements et les moyens en hommes et en femmes dans nos forces de sécurité intérieures et extérieures», a énuméré le Premier ministre poursuivant sur le mode de l'anaphore. «Il se trompe sur la méthode en essayant de tordre le cou à l'état de droit face à la menace […] Il se trompe sur la forme, et en faisant croire aux Français, de manière terrible, que s'il était au pouvoir il n'y aurait plus d'attentat».

Manuel Valls a aussi jugé que Nicolas Sarkozy»[était] brutal dans ses propositions et [qu']il divis[ait] les Français». «Diviser les Français, c'est leur faire perdre leur capacité de résistance et de résilience», a martelé le chef du gouvernement. «Nous devons avoir une certaine hauteur de vue, et moi je souhaite toujours, malgré les polémiques, le rassemblement», a-t-il avancé, présentant «l'unité et le rassemblement des Français» comme l'un des moyens essentiels de lutte face au djihadisme et à la radicalisation.