Il l'avait écrit dans son ouvrage paru ces jours-ci, il l'a répété lundi sur LCI : pour Eric Zemmour, «Marine Le Pen a toujours été de gauche». En promo dudit ouvrage, le polémiste a aligné un FN coupable de centrisme rampant : sa présidente serait «endoctrinée par Philippot qui est une espèce de cheval de Troie chevènementiste».La phrase appelle plusieurs remarques.
1) Elle fait de la présidente du FN une sorte de mineure politique. C'est la thèse de beaucoup de ses adversaires à l'extrême droite. L'accusation de gauchisme n'est pas neuve, elle sifflait aux oreilles de l'intéressée au milieu des années 2000, bien avant qu'elle ne fasse la connaissance de Florian Philippot. Le plus probable est que celui-ci n'ait fait qu'accompagner la présidente du FN sur un chemin choisi par elle.
2) Du jugement de Zemmour, on peut déduire qu'il se situe à la droite du FN.Il a longtemps semblé impossible qu'une extrême droite plus radicale que le FN obtienne une visibilité nationale. C'est pourtant sur ce segment que surfent un Zemmour, un Robert Ménard, un Philippe de Villiers. Dont le discours est sous-tendu par le fantasme d'un «grand rembarquement» des immigrés et de leurs descendants. A cela s'ajoute la trajectoire d'une partie de la droite, dont le discours est aujourd'hui presque impossible à distinguer de celui du FN.
3) Quel que soit l'effet recherché, le jugement zemmourien rend service à la présidente du FN. Dimanche sur TF1, elle a donné un tour de vis supplémentaire à sa dédiabolisation. S'assurant indifférente à l'origine ethnique ou religieuse de ses concitoyens. Une stratégie bien servie par la mouvance identitaire, lorsque celle-ci se range à la droite du FN. Voire à une partie de la droite, lorsqu'elle reprend tous les codes du lepénisme.