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Qui veut booster le Bonheur national brut ?

Les Assises internationales du bonheur qui viennent de s’achever à Sète, dans l’Hérault, visent à promouvoir le bonheur, donc, en tant que droit fondamental de l’homme auprès des instances internationales. Vaste programme.
Au Bhoutan, le Bonheur national brut est un indice économique utilisé depuis 1972 pour aider au développement du pays. (Photo Roberto Schmidt. AFP)
publié le 12 septembre 2016 à 11h33

Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? Que le monde aille mieux… Et s’il suffisait pour cela de donner un cadre juridique au bonheur ?

L’idée semble farfelue. Elle a pourtant mobilisé quelques dizaines de cerveaux, à Sète, de jeudi à samedi : des juristes, des avocats, des chercheurs, des professeurs ainsi que de simples citoyens venus de France, du Québec, de Pennsylvanie, du Sénégal ou de Grèce, tous réunis à l’initiative de l’Observatoire international du bonheur (OIB).

Produit intérieur doux et «bonheur solidaire»

Créé en 2010 sous l'impulsion du Conseil national des barreaux, présent dans une demi-douzaine de pays, l'OIB se présente comme «la seule institution à promouvoir et étudier les interactions entre droit et bonheur». «L'OIB a une foi totale en l'homme, explique Patrice Tachon, ancien bâtonnier du barreau de Moulins et président de l'OIB. Partout dans le monde et en dehors de toute instrumentalisation naissent des initiatives individuelles positives. Au sein de notre Observatoire, nous tentons de recenser ces actions qui convergent vers ce bien commun : le bonheur solidaire.»

Durant ces Assises, il est question de PID (Produit intérieur doux), de BNB (Bonheur national brut), d'IBM (Indice de bonheur mondial), ou encore de «bonheur citoyen» ou de «bonheur durable». Entre ateliers, concerts et conférences, échanges d'idées et partages d'expériences, une idée maîtresse s'impose : il faut créer un cadre et une reconnaissance juridiques afin de promouvoir le «bonheur sociétal».

Des hommes heureux pour sauver la planète ?

«Nous souhaitons défendre cette idée auprès de toutes les instances et organisations publiques ou privées internationales afin d'inviter les décideurs à créer un environnement propice au bonheur comme à la dignité, argumente Yamouna David, avocate et porte-parole de l'OIB. N'oublions pas qu'une résolution des Nations unies datant de 2011 place déjà le bonheur au cœur des politiques publiques.»

Selon l'OIB, ce «bonheur sociétal» contribuera forcément aux bonheurs individuels. Pour autant, «redonner une place au centre de la société à un bonheur vertueux et altruiste ne veut pas dire méconnaître la détresse humaine», insiste Michel Denglos, directeur juridique et expert en justice environnementale. D'ailleurs, un spécialiste des bouleversements climatiques se charge de plomber l'ambiance en rappelant à l'assemblée que l'homme ne dispose plus que de 20 ans environ pour réagir, avant de condamner définitivement la planète. L'OIB va-t-il contribuer à la sauver ? «On ne sait pas si on parviendra à faire bouger les lignes mais au moins, on aura essayé», soupire Patrice Tachon entre deux interventions.

Dans la salle de conférences climatisée, les débats s’enchaînent. Dehors, sur la corniche sétoise, un vieil homme ébouriffé par l’air marin tend en souriant quelques miettes aux pigeons. Près de lui, deux couples se prélassent sur un banc en devisant face à la mer. Des plaisanciers qui ont jeté l’ancre ici se baignent dans l’eau claire… Tiens, ça ne ressemblerait pas déjà au bonheur, ça ?