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Libération
EDITORIAL

Volonté

Publié le 13/09/2016 à 20h21

La République française d’un côté, un fabricant de locomotives de l’autre : qui doit l’emporter ? En publiant, par maladresse ou par calcul, un communiqué qui sonnait comme un défi public aux autorités, annonçant que le site de Belfort serait fermé malgré les demandes de l’exécutif, la direction d’Alstom a tranformé un conflit industriel classique en bras de fer national. Dès lors, l’affrontement était inévitable et le gouvernement, sauf à perdre ce qui lui reste de crédit, ne pouvait pas reculer. A Belfort, vieille ville résistante, le lion qui en est le symbole ne serait pas allé se coucher dans son panier comme un matou fatigué. Et surtout, que n’aurait-on dit sur l’impuissance publique face aux oukases du capital privé et de la mondialisation si le gouvernement avait parlé en vain ? Symbole éclatant : seul le Medef défendait la direction d’Alstom, alors que tout un chacun, élus, gouvernement et opposition confondus, réclamait le maintien du site d’Alstom dans la ville symbole. L’économie a-t-elle définitivement marginalisé la puissance publique ? Echaudé par l’affaire de Florange, François Hollande avait pris les devants en annonçant que le gouvernement ferait tout pour sauvegarder l’emploi à Belfort. Contre les jérémiades libérales habituelles, cette ligne doit être maintenue. Alstom est une belle entreprise qui remporte des succès à l’étranger, mais qui dépend des achats français pour préserver l’emploi en France. En orientant intelligemment les commandes publiques, le gouvernement est en mesure d’assurer l’avenir des 400 salariés menacés. L’intendance doit-elle suivre, ou bien commander ? Il est bon, pour montrer que les salariés ne sont pas toujours livrés aux soubresauts du marché mondial, que la bonne vieille intervention publique, de temps en temps, fasse prévaloir la volonté collective.