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Libération

… et Cazeneuve (enfin) dans le bon sens

publié le 14 septembre 2016 à 20h21

L’homme politique en général, et Bernard Cazeneuve en particulier, déteste se tromper. Et, partant, n’aime pas du tout quand on lui signifie qu’il change d’avis, et donc de politique. Même si en l’occurrence il faut s’en féliciter. Car c’est bien un changement de pied que négocie le ministre de l’Intérieur sur la question, sensible et horriblement compliquée, de l’accueil des migrants en France. A la fois sur le ton et sur le fond. Mercredi matin, au micro de France Inter, Cazeneuve n’a jamais été aussi clair sur ses intentions : oui, a-t-il affirmé sans détour, 80 % des migrants qui sont entassés dans la jungle de Calais ont vocation à demander (et donc potentiellement à obtenir) l’asile politique en France. En créant 12 000 places en centre d’accueil et d’orientation, réparties dans toute la France, le gouvernement se donne (enfin !) les moyens de cette (petite) ambition. Et surtout, la possibilité de trouver à terme une solution pérenne à la jungle de Calais, qui n’a pas cessé de grossir depuis l’été. Or, jusqu’à présent, Cazeneuve défendait l’idée inverse : toute solution à long terme d’accueil pour les migrants risquait, selon lui, d’encourager l’arrivée de futurs réfugiés. C’est en partie pour cela qu’il avait ordonné au début de l’année l’envoi des bulldozers pour raser la partie sud de la jungle. Et qu’il s’était opposé au projet de maison des réfugiés de la mairie de Paris ou au camp de Grande-Synthe. Pour s’y rallier ces derniers mois.

Et voilà donc Cazeneuve qui se retrouve sur les positions défendues depuis longtemps par les associations engagées auprès des migrants : pour soulager Calais et Paris, il n’y a pas d’autre solution que d’assumer une politique d’asile, en mobilisant toutes les régions françaises. Un effort qui sera d’autant plus accepté qu’il sera réparti. L’autre changement du gouvernement est dans le ton. Le voilà qui semble décidé à mener un vrai combat avec la droite. Et il est d’autant plus légitime à le faire que sa politique est maintenant lisible. On peut lui reprocher son manque d’ambition ou son retard à l’allumage, mais pas son manque de cohérence. Et si aujourd’hui la droite n’a que l’outrance et la caricature à la bouche, c’est qu’elle le sait parfaitement.