Le 19 juillet, Adama Traoré meurt, menotté par terre dans la cour de la gendarmerie de Persan (Val-d'Oise), peu de temps après son arrestation. Près de deux mois plus tard, les circonstances se précisent dans les auditions effectuées par l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). Le récit du premier secouriste intervenu, publié par la nouvelle émission Quotidien et que Libération a consulté, révèle la quasi-absence de réaction des gendarmes face au malaise de l'homme de 24 ans. «Un gendarme m'a indiqué que la victime simulait et que c'était quelqu'un de violent», raconte le sergent-chef des pompiers.
Un second gendarme, identifié par le secouriste comme un des responsables de l'unité, lui dit la même chose : Adama Traoré «simule» un malaise. Les pompiers arrivent sur place un peu avant 18 heures, environ une demi-heure après l'interpellation à l'aide d'un plaquage ventral - une méthode policière dénoncée par des associations de défense des droits de l'homme pour le risque d'asphyxie mortelle qu'elle pose.
Quand les pompiers arrivent, aucun gendarme n'a débuté de massage cardiaque. L'un d'entre eux explique dans son audition : «Nous ne détectons aucune anomalie qui nécessitait des gestes de premiers secours. Ce que je constate, c'est qu'il ouvre les yeux à plusieurs reprises.» «Quand j'arrive sur la victime, il y a du monde autour mais personne ne s'en occupe. La victime se trouvait sur le ventre, face contre terre», relève de son côté le pompier, qui s'inquiète tout de suite de l'état du jeune homme, qui n'a «pas de ventilation et pas de pouls». Ces déclarations mettent à mal la version des gendarmes, qui indiquent de leur côté procéder à une surveillance «constante» des paramètres vitaux. Les forces de l'ordre disent aussi avoir placé Adama Traoré en position latérale de sécurité (PLS). Mais le pompier interrogé est catégorique : «Moi, quand j'arrive, il n'est pas en PLS mais il est face contre terre.» Le secouriste conclut par une précision sur la réaction des autorités à la mort d'Adama Traoré : «Les gendarmes, avant de prévenir la famille, ont dit qu'ils devaient prévenir du renfort car ça allait partir en cacahuète.» Le sens des priorités, sûrement.