En marge de la présentation du «TGV du futur», la direction d'Alstom annonçait, mercredi 7 septembre, le déménagement de son usine de Belfort vers Reichshoffen (Bas-Rhin). Une douche froide pour les syndicats.
Dans les faits, 400 des 450 salariés du site franc-comtois devraient plier bagage à l'horizon 2018 - vers l'Alsace ou l'un des douze sites de l'entreprise en France -, la faute à un carnet de commandes de moins en moins fourni. Ne resteraient alors sur place qu'une quarantaine de salariés dédiés à la maintenance. Le coup est rude pour une usine historique de la marque, d'où sortit le premier prototype de TGV au début des années 1970.
Tirs à boulets rouges
L'annonce, divulguée à l'aube d'une campagne présidentielle déjà électrique, n'a pas manqué de faire réagir les politiques, élus de droite et de gauche s'accusant mutellement de la responsabilité de la situation.
Excès d'optimisme ou appréciation tronquée de la situation, Alain Vidalies est alors monté au créneau sur Europe 1. Pour le secrétaire d'Etat chargé des Transports, l'annonce d'Alstom est prématurée : «C'est un site qui ne sera en difficulté que dans deux ans. [...] La direction aurait pu attendre.» Et de marteler : «Je fais tout pour sauver le site de Belfort.»
Des propos repris par François Hollande qui, depuis la Roumanie, assurait dans la foulée que l'Etat - qui détient 20 % du capital de l'entreprise - ne lâcherait pas les salariés belfortains : «L'objectif, c'est d'assurer la pérennité du site de Belfort Alstom pour les prochaines années, pas simplement pour les deux ans qui viennent.»
Des déclarations de circonstances qui ont néanmoins peiné à convaincre la sphère politique.
Pour l'ancien chef de file du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et habitué des combats syndicaux Olivier Besancenot, la situation de l'usine de Belfort est symptomatique du système économique actuel : «Alstom, c'est emblématique du constat d'échec de toutes les politiques libérales qui ont été menées par des gouvernements de droite, comme de gauche. [...] C'est le bilan d'échec à la fois de la libéralisation du service public ferroviaire et, en même temps, de la privatisation d'Alstom.»
Sur place, la mobilisation
En attendant que des décisions définitives ne soient prises, les salariés ont décidé de se faire entendre.
Déterminés à montrer leur opposition au projet de délocalisation, ils ont manifesté ce jeudi. Dans une ville de 50 000 habitants où leur départ serait une véritable catastrophe sur le plan économique, les «Alstom» ont trouvé du soutien. Sur sa route vers la préfecture du Territoire de Belfort, le cortège - largement salué depuis les fenêtres et les balcons de la ville - a ainsi pu apprécier l'appui et le ralliement massif des habitants à sa cause.
Les syndicats l'assurent : ce n'est qu'une «première bataille».
Et apparemment pas la dernière puisqu'une «opération ville morte» est d'ores et déjà planifiée pour le 24 septembre.