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Libération

Musulmans : une étude «pionnière» mais limitée

publié le 18 septembre 2016 à 20h21

Mieux connaître les musulmans, «afin d'être à même de proposer des solutions susceptibles d'accélérer la sereine insertion de la majorité silencieuse, mais aussi des mesures destinées à combattre le fondamentalisme». Tel est l'objectif d'une étude publiée dimanche par l'institut Montaigne, un think tank libéral, en partenariat avec l'institut de sondage Ifop et affichée en une du JDD. De quoi «se préparer à répondre aux polémiques venues de tous les camps tant cette question est sensible, complexe et sujette à manipulation en ces temps de campagne électorale» pour «construire un islam français», s'enthousiasme l'auteur de l'enquête, le géographe et ex-président de l'Institut des cultures d'islam, Hakim El Karoui. De quoi relancer, aussi, les débats sur les statistiques basées sur la religion, et risquer de stigmatiser une population, à contresens des ambitions affichées par l'étude. L'enquête a consisté à interroger 15 459 personnes de 15 ans et plus, pour en extraire un échantillon spécifique de 1 029 personnes musulmanes ou de culture musulmane.

5,6%

C'est, selon l'institut Montaigne, le pourcentage de musulmans résidants en France métropolitaine parmi les personnes âgées de plus de 15 ans. Soit un pourcentage «moins important que ne l'avancent bon nombre de chiffres fantaisistes», souligne Hakim El Karoui. Cette part grimpe à 10 % dans la catégorie des moins de 25 ans. Trois musulmans sur quatre sont Français (dont 50 % de naissance). 30 % ne fréquentent jamais la mosquée et 60 % ont «un rapport distancié ou inexistant aux lieux de culte».

46%

C'est, selon l'étude, la part de «musulmans de France», «soit totalement sécularisées, soit en train d'achever leur intégration dans le système de valeurs de la France». L'enquête distingue au total trois groupes : le deuxième (25 %), «plus composite», regroupe des individus dans «une position intermédiaire». «Fiers d'être musulmans», ils sont plutôt favorables à l'expression de la religion au travail, mais rejettent très clairement le niqab, la polygamie et acceptent la laïcité. L'addition de ces deux premiers groupes constituerait la preuve «qu'une majorité de musulmans de France a un système de valeurs et une pratique religieuse qui s'insèrent dans le corpus républicain». Reste le troisième groupe (28 %), qui réunit des musulmans ayant adopté «un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République». Ceux-là seraient dans «une attitude de retrait et de séparation vis-à-vis du reste de la société». Les jeunes, les moins insérés dans l'emploi et les convertis seraient les plus disposés à adhérer à ce modèle.

65%

C'est la part des musulmans qui se déclarent favorables au port du voile. 24 % se disent favorables au principe du port du voile intégral, notamment le niqab. Les résultats montrent par ailleurs que les femmes y sont plus attachées que les hommes : le port du voile est rejeté par 26 % des hommes et seulement par 18 % des femmes. Approbation ne veut pas dire forcément usage, puisque «la pratique sociale la plus répandue reste le non-port du voile».