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Fausse alerte terroriste à Paris : un ado arrêté, l'Etat va se porter partie civile

Placé en garde à vue, l'adolescent est soupçonné d'avoir donné l’alerte sur une possible prise d’otages à l’église Saint-Leu, située dans le quartier des Halles, ce qui avait déclenché cette vaste opération de police samedi.
Des membres de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) interviennent devant l'église Saint-Leu dans le centre de Paris, le 17 septembre 2016, après une fausse alerte (Photo Rémi PIN. AFP)
publié le 19 septembre 2016 à 16h58
(mis à jour le 19 septembre 2016 à 18h58)

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé lundi que l'Etat allait se constituer partie civile afin «d'obtenir réparation» après la fausse alerte ayant provoqué samedi à Paris une vaste opération antiterroriste. Dans un communiqué, le ministre «annonce que l'Etat se constituera partie civile pour obtenir réparation du préjudice subi suite à la fausse alerte attentat» de samedi. «Alors que la France est confrontée à une menace terroriste très élevée, il n'est pas tolérable que les auteurs de ces actes (...) sèment l'inquiétude dans la population et mobilisent en vain d'importants moyens de sécurité et de secours», affirme-t-il.

Il «rappelle que détourner de leur mission les femmes et hommes qui sont garants de notre sécurité et de notre protection, c'est prendre un risque inadmissible au regard du risque d'actions violentes qu'ils sont en charge de prévenir, et de leur capacité à porter secours». Bernard Cazeneuve précise avoir demandé une «évaluation du préjudice financier lié à cette fausse alerte». «Rien ne justifie que les contribuables soient redevables d'une dépense inutile des deniers publics», assène-t-il également.

Un adolescent de 16 ans arrêté et placé en garde à vue

Un adolescent de 16 ans, soupçonné d'être à l'origine de la fausse alerte qui a provoqué samedi à Paris une vaste opération antiterroriste, a été arrêté lundi et placé en garde à vue, a appris l'AFP de sources proches de l'enquête. Il a été interpellé dans le département de la Marne en début d'après-midi, a indiqué l'une de ces sources. Un deuxième adolescent est toujours recherché par les services de police, a-t-on appris de même source.

Selon le site du magazine, tout au long de l'après-midi samedi, les deux jeunes se seraient «mis en scène» sur les réseaux sociaux, l'un d'eux se vantant sur Facebook d'avoir, selon ses termes, «fait déplacé des hélico, le gouvernement, 50 voitures de police» et de «passer sur BFMTV et 10 journal hihi (sic)». Leur projet initial aurait été de viser une mosquée, mais, après l'attaque de Saint-Étienne-du-Rouvray, ils auraient jugé «que ça marcherait mieux avec une église», selon leurs propos rapportés par L'Obs.

Les deux adolescents se disaient des admirateurs du hacker franco-israélien Grégory Chelli, alias Ulcan, en fuite en Israël. Ce dernier est soupçonné d'être l'auteur de canulars téléphoniques sophistiqués, notamment contre le site d'information Rue89 et son cofondateur. Lundi, sur sa page Facebook, Grégory Chelli a démenti tout lien avec les deux hackers et a publié le numéro de portable de l'adolescent arrêté lundi, à qui il expliquait que son geste était «dangereux et inutile». Un message qui n'était plus visible quelques heures plus tard.

Les enquêteurs de la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne privilégient la thèse d'un acte malveillant qui serait l'oeuvre de hackers. L'Obs avait publié dimanche soir sur son site un entretien avec deux jeunes revendiquant le coup de fil à l'origine de la fausse alerte. Le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour «dénonciation de crime imaginaire» et «divulgation de fausses informations afin de faire croire à une destruction dangereuse».

Manuel Valls appelle à «lourdement sanctionner» les auteurs du canular

C’est un appel à la police, à 15h39 samedi, donnant l’alerte sur une possible prise d’otages en cours à l’église Saint-Leu, située dans le quartier des Halles, qui avait déclenché cette vaste opération de police, avec intervention de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), avait indiqué samedi le porte-parole du ministère de l’Intérieur. Le secteur avait été bouclé et des habitants évacués ou confinés.

Via l'application pour smartphone SAIP (Système d'alerte et d'information aux populations), les autorités avaient délivré un message «église - alerte attentat». En pleine menace d'attentats, cette vaste opération des forces de l'ordre avait créé un important émoi, notamment sur les réseaux sociaux, avant que l'alerte ne soit levée. L'Obs a indiqué dimanche être entré en contact avec deux jeunes affirmant avoir 16 et 17 ans et revendiquant le coup de fil à la police simplement pour «rechercher le buzz».

Manuel Valls a demandé lundi que les auteurs de la «mauvaise plaisanterie» qui a déclenché une vaste opération antiterroriste samedi à Paris soient «lourdement sanctionnés». «Dans ces moments-là de gravité, ceux qui se livrent à ces mauvaises plaisanteries, qui détournent l'attention des forces de l'ordre, qui provoquent de la panique, méritent évidemment d'être lourdement sanctionnés», a déclaré à la presse le Premier ministre, en marge d'un déplacement à Montargis (Loiret).