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Libération
EDITORIAL

Progrès

Publié le 20/09/2016 à 20h21, mis à jour le 20/09/2016 à 20h21

A pas de loup, la cause des moutons avance. Et aussi celle des veaux, vaches, cochons, couvées… Deux technologies en sont la cause : le numérique et sa viralité, la biochimie. Les vidéos diffusées en ligne par l’association L214 ont provoqué un choc dans l’opinion. Au plus carnivore des internautes, il apparaît maintenant clairement que les conditions d’abattage des animaux dans les usines à viande du pays ont quelque chose d’insupportable à la sensibilité contemporaine.

Du coup, l’Assemblée nationale s’est saisie du dossier. Une commission présidée par Olivier Falorni vient de rendre des conclusions pertinentes, dont la mise en œuvre devrait limiter les souffrances inutiles infligées aux animaux, victimes jusque-là négligées. Bien sûr, aux yeux des militants, elles apparaîtront comme un simple pis-aller.

C’est là que la biochimie entre en scène. Si on tue les animaux, souvent dans des conditions atroces, c’est qu’on les mange. Comme il se passera des lustres avant que l’humanité devienne végétarienne, a fortiori végane, les techniciens du vivant ont exploré une voie nouvelle : le remplacement de la viande par des substituts alimentaires recomposés chimiquement. Utopie ? Certainement pas. Nos enquêtes montrent qu’il est parfaitement possible de mettre des steaks ou des gigots dans notre assiette sans immoler préalablement une vache ou un mouton. Ainsi, par ce double canal, la technique, qui a souvent mauvaise réputation, vient soudain au secours de la nature.

A long terme, les conséquences de ce mouvement irrésistible sont vertigineuses : bouleversement des filières de production, reconversion des éleveurs, invention d’une nouvelle gastronomie, transformation de la condition animale. Sans doute les conservateurs de tous poils crieront-ils comme des cochons qu’on égorge. Chacun son tour… Cela s’appelle le progrès.