Après avoir traîné les pieds, le Maroc a donné son accord pour que Larossi Abballa, l’auteur de l’attentat de Magnanville (un couple de policiers avait été tué le 13 juin) soit enterré dans le pays, dont sa famille est originaire. Assez inattendue, la décision a été signifiée mercredi à la famille. Si l’inhumation des terroristes est toujours problématique, aucune affaire n’avait pris une telle tournure, obligeant les Abballa à recourir au tribunal administratif de Versailles.
Le maire de Mantes-la-Jolie, Michel Vialay, avait signifié fin juillet son refus de voir inhumer le terrorriste dans son cimetière, alors que celui-ci vivait dans la commune. Pour justifier sa décision, il invoquait le risque de «trouble à l'ordre public» et la crainte que la tombe ne devienne l'objet d'un «pèlerinage malsain».
Des arguments avancés la plupart du temps par les maires confrontés à ce type de demandes. En 2012, la question s’était posée pour Mohammed Merah. Dans ce cas, le préfet de Haute-Garonne avait rappelé le maire à ses obligations. En France, il existe, de fait, un droit d’inhumation là où la personne est décédée, là où elle a résidé ou quand la famille dispose d’une concession funéraire.
Dans l'affaire de Mantes-la-Jolie, selon Me Victor Lima, l'avocat de la famille, la préfecture des Yvelines s'était abstenue d'une telle démarche. «Pour des raisons politiques probablement», estime Lima. Après le refus du maire, les proches d'Abballa avaient formulé une demande à la commune de Magnanville et aux autorités marocaines. La première avait refusé et les secondes gardaient le silence jusqu'à ce jour. Début août, le père de Larossi Abballa, pour sortir de l'impasse, a porté l'affaire devant le tribunal administratif afin de faire annuler la décision du maire. Réplique de la municipalité : une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), arguant du fait qu'une concession funéraire est un contrat. La tournure juridique prise par cette affaire est une première. Jusqu'alors, des solutions avaient été trouvées, un enterrement dans la plus grande discrétion et des tombes anonymes. Le tribunal administratif de Versailles devrait rendre ce jeudi, sa décision, à savoir transmettre ou non la QPC au Conseil d'Etat.