Jamais l’inhumation d’un terroriste, en l’occurrence celle de Larossi Abballa, auteur de l’attentat contre un couple de policiers tués le 13 juin à Magnanville (Yvelines), n’a soulevé autant de problèmes. Après la décision, jeudi, du tribunal administratif de Versailles, la bataille judiciaire se poursuit entre sa famille et la municipalité de Mantes-la-Jolie qui refuse de l’enterrer dans le cimetière municipal. Le juge administratif a décidé de transmettre au Conseil d’Etat la question prioritaire de constitutionnalité (QPC), posée par les autorités municipales. Celles-ci estiment qu’il est inconstitutionnel d’obliger les municipalités à inhumer les personnes qui résident sur leur territoire. La haute juridiction administrative a désormais trois mois pour décider si elle transmet ou non cette QPC au Conseil constitutionnel. Pour l’heure, les municipalités ont l’obligation d’inhumer les personnes mortes sur leur territoire, qui y résident ou si la famille y dispose d’une concession funéraire. La procédure, si elle aboutissait, ferait jurisprudence.
Impasse
«Ce dossier est très politique», estime l'avocat de la famille, Me Victor Lima. Même si les enterrements des auteurs d'attentats ont toujours suscité la polémique, une solution se trouvait (dans la discrétion) au bout de quelques semaines. Cela a été le cas dans l'affaire très délicate de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime). L'un des auteurs de l'assassinat du père Jacques Hamel, habitant de la commune, Adel Kermiche, a été finalement inhumé, quasi clandestinement le 19 août, dans un cimetière du Val-d'Oise.
La famille de Larossi Abballa, elle, se trouve dans une impasse devant les refus successifs des communes de Magnanville et de Mantes-la-Jolie. «La procédure actuelle ne sert qu'à perdre du temps», estime Me Lima. Pour le moment, la dépouille de Larossi Abballa est conservée à l'Institut médico-légal de Paris. Contrairement à ce que le consulat général du Maroc à Pontoise affirmait, mercredi, à Libération, les autorités marocaines n'auraient toujours pas accédé à la demande de la famille Aballa de pouvoir éventuellement rapatrier le corps là-bas. «C'est une affaire délicate», reconnaît-on au consulat. Et qui se traite à Rabat...