Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a convoqué l'ambassadeur de Belgique pour «lui demander des explications» après l'interpellation, dans le Nord, de policiers belges au volant d'un camion transportant des migrants. Cazeneuve «a vu et demandé des explications» à l'ambassadeur de Belgique à Paris dès mercredi, indique son entourage, qui précise qu'il a «fait part de son mécontentement à son homologue belge» et que «le message est passé.»
Deux policiers belges ont été interpellés mardi soir à Nieppe (Nord) par la police française au volant d'un camion dans lequel se trouvaient treize migrants. Ils ont été conduits au commissariat de police d'Armentières où ils ont été «entendus librement comme témoins» avant d'être relâchés dans la nuit de mardi à mercredi. Les autorités françaises ont déjà «leur plus vive réprobation à la suite de cette initiative qui n'est pas conforme aux pratiques habituelles de travail entre la France et la Belgique». «Des échanges sont en cours entre les autorités des deux pays afin de poursuivre les bonnes relations et la coopération existantes, notamment dans le domaine de l'immigration», avait affirmé la préfecture du Nord.
«On a reconduit les migrants parce qu'on ne voulait pas les laisser ici, directement sur la route et les laisser à pieds aller à la frontière. Donc on les a reconduits (...) dans la direction où ils voulaient aller», a expliqué à la RTBF Georges Aeck, le commissaire d'Ypres, en Flandre occidentale. Un syndicat de police belge a assuré que les deux policiers avaient été menottés, affirmation démentie par les autorités françaises.
Cet incident intervient alors que le gouvernement prépare le démantèlement du campement de migrants de Calais, où s’entassent près de 7 000 migrants selon l’Intérieur (10 000 selon deux associations). Pour les loger, les pouvoirs publics auront besoin de 9 000 places supplémentaires dans des Centres d’accueil et d’orientation (CAO) pour porter leur total à 12 000 d’ici la fin de l’année.
La préfecture avait précisé mercredi que les treize migrants transportés dans le camion avaient été conduits dans les locaux de la police aux frontières à Lille pour le traitement de la procédure. «Trois mineurs ont été placés en foyer et dix personnes majeures sont en retenue administrative pour examen de leur situation», avait-elle affirmé.