Début septembre, le préfet de la région Ile-de-France, Jean-François Carenco, évoquait les derniers chiffres de demandeurs d'emploi en disant : «J'ai été très déçu en juillet.» Avec une augmentation de 0,4 %, la statistique montrait une nette rupture avec des indicateurs plutôt au beau fixe depuis le début de l'année. Car le taux de chômage décroissait et avait atteint 8,8 % et même 7,9 % sur Paris ville (contre 9,9 % au niveau national). A l'époque, le préfet analysait déjà ce retournement des chiffres comme un effet d'une «mauvaise tendance dans le secteur du tourisme».
Pour le mois d'août, il confirme par écrit. Dans un communiqué publié ce mardi, la préfecture de la région souligne que la situation s'aggrave : 0,7 % de demandeurs d'emploi en plus en catégorie A, soit 1,6 % de plus en trois mois. Les causes de cette dégradation se retrouvent certes «dans le recul de la croissance nationale enregistré par l'Insee au 2e trimestre 2016». Mais aussi dans «la mauvaise saison touristique qu'a connue la France, et notamment l'Ile-de-France, première destination touristique hexagonale, à la suite des attentats terroristes de 2015».
La région «victime» de son attractivité
De fait, dans ce secteur économique, les signes sont alarmants. «Entre 2014 et 2015, le nombre d'embauches a baissé de 13 % dans le secteur hôtelier, de 18 % dans l'hébergement touristique et de 12 % dans les parcs de loisirs», note la préfecture. A quoi s'ajoute, dans l'autre sens, une augmentation de 9,5 % du nombre d'employés de l'hôtellerie s'inscrivant à Pôle Emploi. Bref, ça va mal.
Il suffit de lire la succession des baromètres mensuels que dresse le comité régional du tourisme pour s'en convaincre. Mois d'août : «Plus de la moitié des professionnels interrogés (54 %) qualifient de mauvaise l'activité du mois d'août et plus des trois quarts d'entre eux (78 %) l'estiment en baisse par rapport au même mois de l'année précédente.» Juillet : «Malgré l'Euro 2016 qui a dynamisé l'activité touristique de certains départements, le mois de juillet est qualifié de moyen par 42 % des professionnels interrogés.» Pareil au fil des mois précédents, où les mots «activité en baisse», «moyenne», «mauvaise» s'égrènent au fil des mois. Depuis les attentats de novembre, le tourisme peine à redémarrer. Dans ce secteur très utilisateur de main-d'œuvre, les effets sur le chômage sont réels.
Mais le tourisme n’est pas le seul facteur qui pèse sur la situation. Paradoxalement, l’Ile-de-France, première région économique du pays, est aussi «victime» de son attractivité. En attirant beaucoup de jeunes en quête d’opportunités professionnelles, elle voit sa population active gonfler. Et, dans le contexte actuel, son chômage aussi.