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Libération

Calais empoisonné par sa géographie ?

publié le 28 septembre 2016 à 19h31

La carte est le principal outil de formation des géographes. Ont-ils un avantage quand ils lisent ce plan de Calais publié dans Libération (du 21 septembre) ? Ils voient Calais en miroir des côtes anglaises, à moins de 40 kilomètres de là. Et une ville qui, comme tous les ports, trie ceux qui y passent. Déjà l'empereur Caligula y aurait fait construire deux tours, le fils de Philippe Auguste au XIIIe siècle un mur et des donjons. Puis ce fut une citadelle. Double protection pour une ville dont la marée haute mouille deux fois par jour les remparts, jusqu'au renforcement des digues au XVIIe siècle. En faisant remonter la frontière à Dunkerque, Louis XIV brise l'élan de Calais. Plus tard, l'industrie et la logistique font sauter les enceintes. Le tourisme s'empare, enfin, des dunes de la commune de Sangatte : ah, la belle époque de la côte d'Opale ! Blériot se lance sur la Manche à l'assaut d'un record sur la plage qui porte son nom. Le destin de Calais est toujours dans la main des Anglais. Depuis les sièges de la fin du Moyen Age jusqu'aux frontières d'aujourd'hui. La grosse verrue d'Eurotunnel, sur la commune de Coquelles, va secouer une nouvelle fois la ville par les impacts des… guerres au Moyen-Orient et de la pauvreté en Afrique. Ce tunnel qui devait relier va encore séparer. Les migrants sont piégés dans les filets de Schengen. L'Etat et l'exploitant du port de Calais fantasment sur un «mur». Pour en adoucir l'impact, il serait «vert». La géographie, un poison pour Calais ?