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Libération

«Ce n’est qu’une petite partie des cas de pédophilie dans l’Eglise»

publié le 30 septembre 2016 à 19h41

Le chiffre impressionne. En moins d'un an, l'association la Parole libérée affirme, selon les informations de Franceinfo, avoir recueilli 400 témoignages de victimes de pédophilie, une vague de révélations sans précédent dans l'Hexagone. «Elles proviennent de toute la France et concernent à 90 % des cas de prêtres pédophiles», précise à Libération son président, François Devaux.

Créée à Lyon, l'association regroupe les victimes du père Bernard P., soupçonné de dizaines de viols et d'agressions sexuelles sur de jeunes scouts au cours des années 70 et 80 à la paroisse Saint-Luc de Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône). Parmi les témoignages parvenus à la Parole libérée, 75 concernent directement l'affaire de Bernard P. Et le reste, des crimes prescrits (80 % selon les estimations). «Mais nous engageons les victimes à signaler ces cas à la justice», explique François Devaux. Pour Laurent Lemoine, théologien catholique, spécialiste des questions d'éthique, «ce chiffre est inquiétant mais pas surprenant». «Ce n'est qu'une petite partie visible des cas de pédophilie dans l'Eglise. Mais cela commence à bouger», estime, de son côté, Me Jean-Baptiste Moquet, l'avocat qui a lancé la semaine dernière une procédure au civil contre l'évêque de Gap, Mgr Jean-Michel Di Falco, pour des faits présumés de pédophilie qui remontent au début des années 70.

De fait, le nombre d'affaires adressées à la Parole libérée reste bien en deçà, en proportion, de celles qui touchent depuis vingt-cinq ans les diocèses catholiques des Etats-Unis, où l'onde de choc des scandales de pédophilie a été la plus importante avec l'Irlande. Quoi qu'il en soit, «c'est le grand mérite de la Parole libérée de faire émerger ces affaires, de briser un silence assez prompt à se refermer», analyse Laurent Lemoine, saluant le travail pionnier de l'association.