Quand les services spécialisés découvrent au cœur du Paris touristique, dans la nuit du premier samedi de septembre, une berline sans plaque d’immatriculation, warnings allumés, avec des bonbonnes de gaz à l’intérieur, cela fait au moins deux heures qu’un témoin a repéré la voiture et sonné l’alarme. On peut parler de coup de chance ou d’un attentat raté par des pieds nickelés, mais pas d’un attentat déjoué. La lenteur de la réaction prouve en effet que la France et ses services de lutte contre le terrorisme ont encore beaucoup à faire en matière de vigilance, de quadrillage et de moyens. Sur ce dernier point, il faut admettre que le gouvernement a, depuis janvier 2015, considérablement renforcé les effectifs. Mais les attentats de Nice, des Yvelines, de Saint-Etienne-du-Rouvray, comme les très récentes arrestations d’adolescents, montrent bien que l’ampleur et les formes de la menace sont tellement inédites que la multiplication des moyens, si elle est nécessaire, ne suffira pas à tendre vers le risque zéro. Le consensus des experts et des politiques (on exclura de cette liste ceux qui racontent n’importe quoi pour exister durant une primaire ou pour faire oublier un mauvais bilan) considère que notre arsenal juridique est suffisant. Pour autant, peut-on dire qu’il n’y a pas de faille dans l’arsenal ? La fameuse communauté du renseignement estime au contraire qu’il reste beaucoup à faire du côté de la coordination, réduite aux acquêts, et du décloisonnement des services de renseignement, de police et de justice. Il faut aussi améliorer la diversité et la variété du recrutement, en s’inspirant des Britanniques notamment. L’enjeu, c’est aussi de mieux cibler le renseignement en évitant la «pêche au gros» qui a tendance à submerger les services d’informations inutiles à vérifier. Et en ce moment, ils n’ont pas une minute à perdre.
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