Les sondages se multiplient. Un jour sur la primaire de la droite. Un autre sur celle de la gauche. Les pourcentages tombent de tous les côtés. Au milieu, la primaire d'Europe Ecologie-les Verts (EE-LV). Pas un chiffre, pas une indication. Personne ne sait sur quelle tête va atterrir la couronne. Et pour cause, la compétition entre les Verts est illisible : plus de 10 000 personnes - non encartées - ont déboursé cinq euros pour participer à la primaire. Ils viennent de toute la France. Et bien malin celui qui arrivera à nous dire qui roule pour qui. Du coup, on a interrogé la direction du parti sur ce flou : tout le monde s'en félicite. Le secrétaire national, David Cormand - qui soutien Cécile Duflot -, explique : «On ne pensait pas avoir autant de monde de l'extérieur. Ce chiffre crédibilise notre primaire, et c'est la chose à retenir. Et le vainqueur sortira plus fort.» Si on y ajoute les militants d'EE-LV, on atteint un corps électoral de 17 146 personnes. Le vainqueur, entre Karima Delli, Cécile Duflot, Yannick Jadot et Michèle Rivasi, sera désigné en deux tours par voie postale et les résultats seront rendus publics le 19 octobre, puis le 7 novembre.
Les candidats sont à l’image de la direction : ils sont ravis de l’afflux de sympathisants. Ces dernières semaines, ils ont multiplié les déplacements et les réunions afin d’attirer les curieux. Mais aujourd’hui, ils sont dans l’incertitude et interprètent la carte des inscrits à leur avantage. Chez Michèle Rivasi, par exemple, on nous dit que la région Rhône-Alpes (son bastion) figure parmi les bons élèves. Comprendre : le nombre d’inscrits y est haut et c’est une bonne chose pour elle. D’autres nous expliquent que le corps électoral de la région Ile-de-France dépasse à peine les 20 % et que c’est une mauvaise chose pour Cécile Duflot, dont c’est le fief. Chaque écurie tire la couverture à soi.
A entendre les différents acteurs de cette primaire, une autre vérité s'impose. Depuis le lancement de la campagne, les candidats échangent sur le fond, sans haine ni coup fourré. Le prochain débat, ce jeudi sur BFM TV (en partenariat avec Libé), sera dans le même esprit. Les idées avant tout. Mais la victoire est ailleurs. Le candidat EE-LV à la présidentielle sera celui qui aura réussi à attirer le plus grand nombre d'inscrits via son réseau, soit celui qui a le plus de supporteurs. Un membre de la direction confirme à demi-mot : «C'est vrai, le sympathisant qui vient de l'extérieur sait déjà pour qui il va voter au premier tour. En fait, les seuls qui doutent aujourd'hui sont membres du parti. Et ils ne pèsent pas bien lourd dans le corps électoral. La victoire se trouve à l'extérieur.» Une bonne nouvelle pour la formation, qui cherche une respiration, comme pour le futur vainqueur.