Si l'on devait portraiturer Patrick Buisson, il faudrait revenir à ses travaux sur l'histoire de l'Occupation, de la Vendée, de l'OAS, de l'érotique, du Paris de Louis-Ferdinand Céline et d'une certaine Grande Guerre. On y voit se profiler ce «pays réel» célébré par Charles Maurras, tout fait de grands événements, de mythes nationaux, de conseils au Prince et d'éminences grises à l'enregistreur en poche. La pointe de la modernité, c'est la combinaison de l'histoire, des médias les plus massifs et des sondages d'opinion. Une France de la Sofres et de l'Empire, des visites du soir et de l'Hexagone augmenté. Mais le portraitiste s'ennuie à mourir à contempler ce paysage d'un temps fantasmé, n'existant que dans les nostalgies de «la Plus Grande France», celle où l'on n'affranchissait pas son courrier à l'administration, où les trains arrivaient à l'heure et où on apprenait vraiment à lire et à écrire. Avec Patrick Buisson, la confusion entre histoire et nostalgie est si puissante que même le Minitel semble ne pas encore exister.
Patrick Buisson Radiographique nostalgie
par Christian Ingrao Chargé de recherche au CNRS, spécialiste du nazisme
publié le 5 octobre 2016 à 20h22
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