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Libération

Des rats à la prison de Fresnes : la justice somme l’Etat d’agir

publié le 6 octobre 2016 à 20h21

Des rats dans la cour, des cafards et des punaises dans les cellules : c’est le quotidien des 2 700 détenus de Fresnes, l’un des établissements pénitentiaires les plus importants de France.

Lundi, l'observatoire international des prisons (OIP) a lancé une procédure en référé liberté au tribunal administratif de Melun contre l'Etat pour tenter d'endiguer le phénomène. D'après la requête, les rongeurs ont en effet envahi les coursives et la cour de la promenade qui est couverte de déjections. L'association a recueilli plusieurs témoignages de détenus de l'établissement, qui accuse déjà un taux de surpopulation carcérale de 191 %. «Les excréments de rats jonchent le sol en plus des détritus. Il y a plusieurs trous dans le fond de la cour et un trou dans le grillage de la porte, ça permet aux rats de traverser la cour de promenade pendant que nous y sommes. Un détenu a eu la surprise de voir un rat lui passer sous le corps pendant qu'il faisait des pompes», raconte un prisonnier. Un autre indiquait à l'OIP, fin août, qu'il sentait en cellule «les odeurs des rats morts en bas qui remont[ai]ent». Le syndicat FO-pénitentiaire avait déjà dénoncé la situation alarmante cet été : «Les postes de travail sont souillés par les déjections diverses et variées de ces nuisibles». Ce n'est pas tout : le syndicat rapporte qu'un surveillant se serait réveillé en découvrant un rat dans son lit, qui lui aurait uriné dessus. Un autre aurait été mordu. En outre, deux détenus ont été atteints de leptospirose et le personnel redoute d'autres contaminations. Et pour cause : les repas sont acheminés dans des sous-sols, où les rats pullulent.

Le 30 mai, l'OIP avait alerté l'Agence régionale de santé (ARS), déclenchant ainsi une investigation épidémiologique. Aucun autre cas de contamination n'a alors été détecté. Selon l'ARS, la prolifération des rats serait en partie causée par des détenus «déplorant la mauvaise qualité de leurs repas» et jetant leurs restes par les fenêtres. L'établissement a alors lancé un «plan d'action» avec une dératisation planifiée toutes les deux semaines. Des «actions nettement insuffisantes» selon l'OIP, à qui le tribunal de Melun a donné raison jeudi, enjoignant l'administration à poursuivre son effort «dans les meilleurs délais». J.Br.