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Libération
Terrorisme

Malgré son isolement, Salah Abdeslam a pu échanger avec un autre détenu

Le seul survivant des commandos du 13 Novembre, incarcéré depuis le 27 avril à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, aurait demandé des nouvelles des surveillants pénitentiaires agressés à l'arme blanche début septembre par le jihadiste Bilal Taghi.
Le convoi transportant Salah Abdeslam à son arrivée le 27 avril 2016 à la prison de Fleury-Mérogis. (Photo Dominique Faget. AFP)
publié le 7 octobre 2016 à 12h34

Le mutisme, Salah Abdeslam semble ne le réserver qu’aux juges d’instruction chargés de l’auditionner sur son rôle dans les attaques du 13 Novembre. Placé sous un régime d’isolement drastique depuis sa remise aux autorités françaises le 27 avril, le seul survivant du commando meurtrier aurait réussi, il y a environ trois semaines, à échanger brièvement avec un autre détenu de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne). D’après BFM TV, le frère cadet de Brahim, le kamikaze du Comptoir Voltaire, a demandé des nouvelles des deux surveillants de la prison d’Osny (Val-d’Oise), agressés à l’arme blanche le 4 septembre par Bilal Taghi. L’un avait eu la gorge transpercée, l’autre avait été touché au bras et au visage. Le caractère terroriste de cette attaque, survenue dans l’unité de prévention de la radicalisation (Upra), ne fait aucun doute.

Filmé 24 heures sur 24, Salah Abdeslam aurait également, selon la chaîne d'information, prononcé cette phrase, référence évidente à son comportement devant la justice : «Personne ici ne me fera parler, je suis protégé par Allah. Moi je ne parle pas, j'agis.» Les services pénitentiaires relèvent que ces propos ont été tenus en parlant très fort à travers la porte de la cellule. Contactée par Libération, la Chancellerie ne nie pas l'existence «d'un échange entre Salah Abdeslam et un autre détenu». Mais refuse catégoriquement d'en préciser «la teneur». Le ministère indique également que l'interlocuteur d'Abdeslam a été déplacé dans une autre cellule, «afin qu'aucune relation stable ne puisse naître entre les deux hommes.»

Ce déplacement élargit un peu plus le vide laissé volontairement autour de la cellule de Salah Abdeslam. En effet, la direction du centre pénitentiaire le plus grand d’Europe – plus de 2800 places – avait procédé avant son arrivée à un éloignement des détenus incarcérés à côté et sous sa future cellule. Toutefois, pour des raisons évidentes de surpopulation, l’ensemble du quartier n’a pu être vidé, ce qui altère ponctuellement l’«étanchéité». Selon nos informations, Salah Abdeslam, qui dispose de la télévision et peut donc s’informer sur l’actualité, n’a pas reçu de sanction disciplinaire pour cet échange, comme cela a pu être relayé dans différents médias.