Vingt-cinq ans plus tard, les experts continuent de faire «parler» l’une des scènes de crime les plus célèbres des annales judiciaires françaises. Il s’agit de cette chaufferie d’une villa cossue de Mougins (Alpes-Maritimes) dans laquelle, le 24 juin 1991, Ghislaine Marchal, 65 ans, a été retrouvée morte. Seul indice : une inscription tracée avec son sang, «Omar m’a tuer». Rapidement accusé, Omar Raddad, jardinier de la riche veuve a été condamné par la cour d’assises de Nice à dix-huit ans de réclusion criminelle en 1994. Mais le doute a persisté au-delà du verdict et, quatre ans plus tard, l’homme est partiellement gracié par le président Chirac. Néanmoins, il n’est pas réhabilité. Aujourd’hui, il continue de clamer son innocence et espère obtenir une révision de sa condamnation.
C’est dans le cadre de cette procédure que, depuis près d’un an, le laboratoire de Nantes examine des prélèvements issus de deux portes et d’un chevron saisis sur la scène de crime. Les premiers résultats ont été divulgués lundi par Jean-Michel Prêtre, le procureur de la République de Nice : les quatre empreintes génétiques masculines retrouvées sur les scellés ne «matchent» ni avec l’ADN de Raddad, ni avec celui des autres suspects potentiels.
Il semble toutefois prématuré de parler de rebondissement. En effet, l’absence de trace ne suffit pas à affirmer l’innocence de Raddad. D’une part parce que le meurtrier n’a pas forcément laissé son empreinte génétique sur les lieux, d’autre part car, comme le rappelle le procureur de Nice, il est impossible de dater un ADN. Il n’est pas exclu que d’autres intervenants aient pu contaminer la scène de crime.
«A qui appartiennent ces ADN, c'est la vraie question», s'interroge Me Sylvie Noachovitch, avocate d'Omar Raddad. Aucune comparaison n'a encore été effectuée entre les quatre ADN masculins isolés et le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), ni avec des personnes de l'entourage de la victime qui ont pu être soupçonnées.