Avec une opiniâtreté qu’aucun sondage n’épuise, qu’aucune mauvaise nouvelle ne décourage, François Hollande continue de préparer sa candidature, tel un marin qui navigue contre le vent et le courant. Pour l’instant, il raisonne surtout par défaut. Au fond, se dit-il, qui s’est imposé à gauche pour présenter un recours crédible ? Personne aujourd’hui, même si les talents ne manquent pas. Au sein du PS, aucune percée irrésistible ne s’est faite jour, aucun challengeur impérieux ne s’est dégagé qui pourrait insuffler l’espoir et réunir les progressistes. Jean-Luc Mélenchon part sur une base solide mais on a le sentiment qu’il cherche à marquer les esprits pour l’avenir, tel un Jaurès atrabilaire, plutôt que remporter une victoire qui supposerait un rassemblement de toute la gauche, y compris la plus réformiste. Emmanuel Macron, qui a réussi la performance de se hisser en quelques mois dans la petite dizaine de candidats potentiels, semble ne plus très bien savoir quoi faire de ses galons nouvellement gagnés. Quant au bilan du probable candidat sortant, il s’agit d’en faire ressortir les réformes clairement sociales-démocrates pour se concilier une gauche désorientée, et d’expliquer que toute autre politique était impossible. Dans cette phase d’attente, l’objectif consiste à récuser le procès en trahison ouvert dans la partie gauche de l’électorat et à instiller dans l’opinion des expressions en demi-teinte, voire minimalistes, qui conduiront à un choix très cérébral : «somme toute», «en fin de compte», «faute de mieux». Tout cela n’est guère enthousiasmant mais correspond bien, «somme toute», au rationalisme guilleret de l’hôte de l’Elysée. Cela peut déboucher sur une candidature malgré tout. Pour retrouver une chance de gagner, il y faudra bien d’autres choses. Une cohérence, un projet, une perspective…
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