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Libération

Une étudiante en fauteuil privée de cours

publié le 12 octobre 2016 à 20h21

Des élèves qui refusent en bloc d’aller en cours pour soutenir une camarade en fauteuil roulant… Amélie, 17 ans en prépa khâgne au lycée Molière à Paris, ne peut plus se rendre dans sa salle de classe située au deuxième étage et accessible uniquement par un escalier. Nous sommes en 2016, dans un établissement scolaire public.

Cette histoire a vite tourné au conflit entre une direction qui communique mal et des élèves abasourdis qu'aucune solution acceptable ne soit trouvée. Les élèves de prépa et leurs profs réclament qu'une salle du rez-de-chaussée leur soit dédiée. La proviseure déplore que son bâtiment ne soit en rien adapté aux personnes handicapées. Contactée par Libération, la direction du lycée n'a pas souhaité s'exprimer. «Une solution va être trouvée rapidement, on va s'arranger», assurait le rectorat mercredi à midi.

Au-delà du conflit local, cette histoire illustre un manque de volonté politique sur l’accessibilité des bâtiments publics. Sur les 470 lycées de la région, douze sont accessibles aux élèves atteints d’un handicap physique. Lors de la rentrée, la région promettait des travaux de mise aux normes dans 27 autres lycées en 2016, et que des études préalables seraient engagées pour 44 autres…

La loi du 11 février 2005 avait donné dix ans pour rendre administrations, commerces, écoles et transports accessibles aux personnes en situation de handicap. Quelques mois avant l’échéance, 60 % des lieux publics ne l’étaient pas. Des ordonnances avaient alors été prises pour allonger les délais, jusqu’en 2024 dans certains cas. L’Ile-de-France a fait le calcul : la mise aux normes des lycées coûtera 385 millions d’euros.

Et à l’échelle nationale, combien de bâtiments sont accessibles à tous ? Impossible de savoir. Le ministère de l’Education indique que ces données ne sont pas compilées, l’entretien des établissements relevant des collectivités territoriales. Signe aussi du peu d’intérêt porté à ce sujet.