«Ah, le train de nuit… Un vieux souvenir chez nous. Notre ligne Toulouse-Paris via Figeac a été supprimée il y a plusieurs années maintenant. Ça s'est fait de façon insidieuse, progressivement. Quand les touristes se rendaient dans l'après-midi à la gare de notre village, à Najac [dans l'Aveyron], on leur répondait qu'il fallait attendre le lendemain, qu'aucun train ne partait… Sans proposer le train de nuit, pourtant présent tous les soirs ! Forcément, la fréquentation a baissé. Quand nous avons essayé de protester contre sa suppression, on nous a rétorqué : "Plus personne n'utilise ce train, on arrête." Que répondre ?
«Notre ligne était très ancienne, en service depuis 1858 pour exploiter les richesses de notre vallée : le cuivre, l’argent, le charbon. Aujourd’hui, jamais le TGV ne traversera nos gorges de l’Aveyron. Trop compliqué. La disparition de cette ligne a des conséquences dans la vie locale, bien sûr. On se prive d’une partie des touristes, j’en suis convaincue. Même si c’est difficile à quantifier. Les campagnes de communication sur les richesses culturelles de notre région permettent de compenser un peu. Mais il est clair que les touristes ne peuvent plus venir pour un week-end prolongé. En voiture, il faut six à sept heures pour regagner Paris. En train, une journée de huit heures. En avion, il faut aller jusqu’à Toulouse. Pas simple.»