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Libération
«D'autres priorités»

Notre-Dame-des-Landes : «il vaut mieux arrêter les frais», estime Royal

Ségolène Royal, le 5 octobre 2016 à l'Elysée (Photo STEPHANE DE SAKUTIN. AFP)
publié le 16 octobre 2016 à 10h23
(mis à jour le 16 octobre 2016 à 12h58)

«Il vaut mieux arrêter les frais» à Notre-Dame-des-Landes, juge dimanche la ministre de l'Environnement Ségolène Royal dans le Journal du Dimanche, estimant qu'un abandon du projet actuel d'aéroport permettrait une évacuation pacifique du site occupé par ses opposants.

«Est-il pertinent de faire prendre des risques pour une infrastructure inadaptée, comme l'ont dit les experts indépendants? N'y a-t-il pas actuellement d'autres priorités pour la nation» ?, interroge la ministre, également en charge des Transports. «Je comprends l'exaspération devant l'occupation illégale du terrain, mais ma conception de l'Etat est qu'il doit être médiateur et aider chaque partie à sortir des postures», poursuit Mme Royal.

«Les élus locaux ne veulent pas perdre la face, c'est compréhensible. Mais le résultat du référendum, positif pour eux, leur permet justement de prendre acte de cette caution tout en reconnaissant que devant le blocage sur le terrain, il vaut mieux arrêter les frais. L'évacuation se ferait alors pacifiquement», déclare-t-elle.

La ministre, défavorable de longue date à une expulsion par la force des zadistes occupant le site de l'aéroport, franchit un pas de plus dans son opposition au Premier ministre Manuel Valls, qui a assuré mardi que l'évacuation des occupants du site «se fera(it)» dès «cet automne», malgré «des craintes de violences»«Imaginons seulement qu'il y ait mort d'homme, parmi les forces de l'ordre ou du côté des manifestants. Ce serait gravissime !», prévient encore Mme Royal, rappelant le décès du jeune écologiste Rémi Fraisse lors d'un affrontement avec des gendarmes sur le chantier du barrage de Sivens (Tarn) en octobre 2014.

Les élus locaux contre la ministre

Bruno Retailleau, président LR de la région Pays-de-la-Loire, a réagi sur Twitter aux déclarations de la ministre, écrivant : «s'il y a des violences à Notre-Dame-des-Landes, Ségolène Royal en portera une grande responsabilité !». Une réaction dans la lignée des précédentes : mardi dernier, Retailleau avait signé un communiqué avec d'autres élus locaux (dont la maire socialiste de Nantes Johanna Rolland) particulièrement remonté après les déclarations de Royal la veille sur iTELE.

La ministre avait alors dénoncé un «déni de démocratie, de transparence, un manque de dialogue et d'explications» dans le dossier du transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantiques vers Notre-Dame-des-Landes. Le communiqué des élus appelait «le Président de la République et le Premier ministre à recadrer Madame Royal qui ne peut impunément bafouer leur autorité et mépriser les citoyens concernés qui ont voté le 26 juin et qui attendent le respect de la loi et de la démocratie».

Invité ce dimanche de l'émission Punchline sur C8, Nicolas Sarkozy a pour sa part qualifié d'«irresponsable» l'attitude de son ancienne rivale à l'élection de 2007 : «Il y a eu plusieurs dizaines de décisions de justice pour confirmer la nécessité de construire cet aéroport. Mieux, François Hollande a organisé un référendum. Un référendum qui a dit que la population, majoritairement, était pour la construction? Et elle vient, dit qu'on ne tient pas compte des décisions de justice, pas compte du référendum. Pour quelqu'un qui vantait la démocratie participative, un mensonge de plus!»

Le président François Hollande, selon des extraits du livre Un président ne devrait pas dire ça... rendus publics mercredi, confie que l'aéroport projeté en Loire-Atlantique «ne verra pas le jour», semblant prendre le contrepied de son Premier ministre. Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a toutefois ajouté que ces propos n'étaient plus d'actualité, la consultation locale de juin dernier approuvant sa construction étant intervenu entre-temps.

La cour administrative d’appel de Nantes examinera le 7 novembre les recours déposés par les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) contre les arrêtés préfectoraux autorisant les travaux, a appris l'AFP samedi de source judiciaire.