L'opération a tourné court mais elle aurait pu avoir des conséquences bien plus graves. Un début d'incendie a touché, lundi vers 5 heures du matin, le chantier du futur centre d'hébergement pour sans-abris du XVIe arrondissement parisien. Une partie de la façade boisée d'un des cinq bâtiments a été noircie par le départ de feu.
L'acte pourrait bien être volontaire, puisque du «liquide inflammable» a été retrouvé sur place, selon une source policière citée par l'AFP. Le parquet de Paris a d'ailleurs ouvert une enquête pour «dégradation volontaire par incendie». Les dégâts restent toutefois minimes. «C'est un acte de vandalisme qui aurait pu mal tourner, explique Eric Pliez, le directeur général de l'association Aurore, chargée de la gestion du futur centre d'hébergement. C'est évidemment un mauvais signal à une quinzaine de jours de l'ouverture, mais ce n'est pas dramatique. On garde notre objectif d'accueillir les premiers arrivants début novembre.»
Insultes et insanités
Ce centre d'hébergement, d'une capacité de 200 places, permettra de mettre à l'abri une centaine de personnes isolées et une autre centaine en familles. Situé en lisière du bois de Boulogne, allée des Fortifications, il est composé d'une série de cinq modules en bois, alignés sur 196 mètres de long. Il a vite suscité l'opposition d'une partie des riverains du très chic XVIe arrondissement.
Une réunion d'information publique, le 14 mars, avait même tourné au pugilat. Organisé dans l'amphithéâtre de l'université Paris-Dauphine, l'événement avait été interrompu au bout de vingt-cinq minutes, alors que les insultes et insanités fusaient contre les représentants de la mairie de Paris et de la préfecture.
Goasguen condamne
Claude Goasguen, le maire (Les Républicains) du XVIe arrondissement, avait d'ailleurs joué un rôle important dans cette fronde locale, entretenant toutes les contre-vérités sur la vocation du lieu (destiné selon lui à accueillir des «migrants, réfugiés, SDF, Roms en rupture de ban», bref, «des gens que nous ne connaissons pas») et osant même signifier son refus que son quartier devienne le «dépotoir» de Paris.
L'édile était même allé jusqu'à suggérer à ses administrés de passer à l'action physique. «Vous voulez dynamiter la piscine [située à proximité du futur centre d'hébergement, ndlr] ? Ne vous gênez pas, mais ne vous faites pas repérer», lançait-il ainsi en février. Huit mois plus tard, les faits sont là, et Claude Goasguen rétropédale: l'élu «condamne fermement ces actes, s'ils sont de nature criminelle». Dans son entourage, on redoute désormais que tout cela «donne une mauvaise image des habitants du XVIe arrondissement».
Reste que ce lundi matin encore, une urne destinée à recevoir les signataires de la pétition intitulée «Refusons un Sangatte dans le bois de Boulogne» trônait en bonne place dans les locaux de la mairie d'arrondissement, comme le montre le cliché ci-dessous.