Nouveau coup dur pour les Ecopla. La cour d'appel de Grenoble a jugé jeudi «irrecevable» le recours des ex-salariés de l'usine iséroise de fabrication de barquettes en aluminium, en liquidation depuis mars. Ceux-ci avaient fait appel de la décision du tribunal de commerce de Grenoble, qui avait repoussé, le 16 juin, leur offre de reprise en Scop. La présidente de la cour, contrite, l'a annoncé aux déboutés : «En tant que candidat repreneur évincé, vous n'avez pas le droit de faire recours contre l'ordonnance du tribunal de commerce. La cour aurait aimé avoir à se prononcer sur le fond du dossier, qu'elle a tout de même examiné, mais ce n'est pas possible.» Et la magistrate de renvoyer la balle dans le camp du parquet : «Il en aurait été autrement si le ministère public avait fait ce recours.»
A la sortie du tribunal, les salariés affichent leur combativité mais certains ont les larmes aux yeux. Christophe Chevalier, l'un des quinze ex-salariés du collectif Ecopla Scop, prend la parole : «C'est la présidente qui l'a dit, les pouvoirs publics n'ont pas fait leur boulot. Le procureur aurait dû faire appel. Le ministère de l'Economie d'abord, et la justice ensuite auraient pu sauver nos emplois s'ils avaient réagi en temps et en heure, ils ne l'ont pas fait. C'est un gâchis humain et industriel. Nous sommes en colère, mais on va continuer, ce n'est pas fini !»
Au projet de reprise en Scop par les ex-salariés, le tribunal de commerce avait préféré, en vertu de la priorité accordée au remboursement des créances de l'usine liquidée, l'offre de l'italien Cuki Cofresco, qui met 1,5 million d'euros sur la table pour solder les comptes… et récupérer les machines d'Ecopla en laissant sur le carreau les 77 salariés. Macron, ministre de l'Economie en exercice lors de la liquidation d'Ecopla, leur avait présenté le mois dernier ses excuses, regrettant de «ne pas avoir vu que le sujet pouvait basculer si vite en liquidation».
Les anciens salariés s’accrochent à un ultime recours examiné par la même cour le 3 novembre. Ils avaient fait un appel dit «de tierce opposition» contre l’ordonnance du 16 juin, en leur qualité d’ex-salariés cette fois, et non comme candidats repreneurs. Ce recours leur avait été refusé, et c’est ce rejet qu’ils attaquent. La présidente de la cour d’appel l’a laissé entendre : elle devrait cette fois pouvoir livrer sa lecture du dossier sur le fond.