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Analyse

Alain Juppé : «Je me méfie des sondages, mais quand même…»

Si le maire de Bordeaux ne se démonte pas face à Sarkozy, son camp ne voit pas comment la primaire peut lui échapper. Et, à l’image de leur favori, ils s’efforcent de «garder la tête froide».
Alain Juppé, jeudi à la mairie de Bordeaux. (Photo Georges Gobet. AFP)
publié le 21 octobre 2016 à 20h11

A ses partisans réunis en meeting à Rennes, il a lâché mercredi un «ça va le faire !». S'agissant d'Alain Juppé, c'est dire à quel point il paraît relax… A un mois du premier tour de la primaire, alors qu'il creuse l'écart avec Nicolas Sarkozy, le maire de Bordeaux doit garder sa foulée jusqu'au 20 novembre. S'il ne commet pas de faux pas, ses alliés, sans crier victoire, voient mal comment il pourrait perdre.

Le candidat va, évidemment, poursuivre sur sa lancée sa campagne un peu plan-plan ponctuée de quelques moments forts (un meeting à Toulon jeudi, les deux débats télé des 3 et 17 novembre, son Zénith à Paris le 14 novembre). Bref : gérer son avance. Ce n’est quand même pas au favori de jouer le tout pour le tout.

Plus que jamais les juppéistes s'attendent toutefois à des chausse-trapes ou à des piques acerbes. De François Fillon ou de Bruno Le Maire, qui a, cette semaine, comparé le doyen de la primaire à un «pape de transition», mais surtout de Nicolas Sarkozy. «Il a fait le coup des référendums, balance, sceptique, un député soutien de longue date de l'ex-Premier ministre. Qu'est-ce qu'il peut encore inventer ?» Brandir François Bayrou, allié de Juppé, comme un épouvantail ? «Ça fait deux ans qu'il le fait huer dans les conseils nationaux du parti, on voit que ça ne prend pas», balaie un membre de son équipe. Crier au noyautage de la primaire par les électeurs de gauche ? «Sur le terrain, cet argument se retourne contre lui. Je croise des gens qui me disent : "Ah bon, Sarkozy trouve que je n'ai pas le droit de voter ? Très bien, j'irai avec toute ma famille !"» raconte Dominique Bussereau. Les amis de Juppé sont convaincus que si Sarkozy avait trouvé la martingale, il s'en serait déjà servi. «Tout ce qu'il tente électrise son socle mais sans l'élargir», conclut l'eurodéputé Arnaud Danjean. A le croire, le maire de Bordeaux bénéficie, sans avoir à se mouiller, de «la dynamique du leader» : «On ne met pas l'accent dessus mais il y a un argument qui s'impose pour lui insidieusement, celui du vote utile.»

Juppé n'aurait donc rien à gagner à monter sur le ring. Juste une punchline bien sentie si un rival va trop loin, comme sa riposte aux sarkozystes venus le chercher sur sa condamnation : «En matière judiciaire, mieux vaut avoir un passé qu'un avenir.» N'encourt-il pas le risque de se laisser griser par les bons sondages ? «Je sens bien les choses, je crois qu'un mouvement se dessine depuis plusieurs semaines […], je suis parfaitement lucide, pas de triomphalisme, rien n'est gagné, je me méfie des sondages», affirmait Juppé mercredi matin, se laissant presque aller : «Je me méfie, mais, enfin quand même…» Gare à l'excès de confiance, se répète le candidat . «Juppé est très clair là-dessus, on doit garder la tête froide. Il ne faut pas qu'un sentiment d'euphorie gagne les troupes», assure un proche. Si l'électeur pense que la partie est pliée, ce sera difficile de le mobiliser. Mais ça, c'est une inquiétude de riche.