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La semaine où… les policiers ont exprimé leur ras-le-bol

Chaque soir depuis lundi, les policiers manifestent. En dépit de leur devoir de réserve, les rassemblements sont désormais quotidiens. Les choses bougent…
A Paris, le 19 octobre 2016, place de l'Etoile, des policiers manifestent leur ras-le-bol pour le troisième soir consécutif. (Photo Laurent Troude pour «Libé»)
publié le 22 octobre 2016 à 11h28

Leur rassemblement lundi soir sur les Champs-Elysées, hors des habituels circuits syndicaux, fut une surprise. Par le bouche-à-oreille, 400 à 500 policiers ont défilé sur la plus belle avenue du monde. Un affront à leur devoir de réserve, pour des revendications simples : «On veut juste travailler en sécurité, on veut des moyens, on veut des effectifs, on veut arrêter d'avoir des missions qui nous dispersent […] et qui nous empêchent de nous concentrer sur notre vrai boulot de police, qui est d'être sur le terrain et de combattre la délinquance», résume un manifestant.

Très vite, le mouvement prend de l'ampleur. Et, comme à Toulouse, Marseille ou Nice, les rassemblements essaiment à travers la France.

Au sentiment de ras-le-bol, se mêle la menace d’une sanction pour les frondeurs. Les mutins prennent la mouche et, à Evry, la sortie de réunion de Jean-Marc Falcone – le directeur de la police nationale – est chahutée.

Un soutien politique et un «mais»

Au deuxième jour de manifestation, les policiers peuvent déjà observer les premiers résultats de leur mobilisation. A l'unanimité, les responsables politiques présents dans les matinales affichent leur soutien aux forces de l'ordre. Mais si les élus disent «comprendre» les raisons de la colère, ils se gardent bien d'encourager le mouvement.

De son côté, le patron de la police nationale saisit l'IGPN et plaide la pédagogie : «Je pense qu'il y aura un rôle pédagogique de l'inspection générale de la police nationale pour dire à ces fonctionnaires […] qu'il y a des choses qui ne peuvent pas être faites dans le cadre des règles déontologiques de la police nationale.» Et admet qu'aucune sanction ne sera sans doute prise à l'encontre des protestataires.

La concession du dialogue

Mais les belles paroles politiques ne calment pas la grogne ; le mouvement ne désemplit pas, bien au contraire.

Au soir d'une quatrième nuit de mobilisation, et alors qu'une douzaine de villes – majoritairement en région parisienne et dans le sud de la France – sont désormais concernées par le mouvement, François Hollande sort de sa réserve. Dans la nuit bruxelloise, où il se trouve pour un Conseil européen, le chef de l'Etat promet d'amorcer le dialogue : «Je recevrai les organisations de policiers pour que nous puissions aller jusqu'au bout de ce que ces organisations ou ces policiers demandent.»

La rencontre est prévue pour le début de semaine prochaine. Mais, puisque le mouvement tient à s’émanciper sans les habituels syndicats – dans une profession où 50% des policiers sont affiliés à l’un d’eux –, reste désormais à savoir qui sera reçu à l’Elysée…